40 jours #31| Le film que cela pourrait être.

Ce serait un monde en couleurs,

ce serait l’histoire d’un clown qui aurait perdu les siennes,

il serait devenu noir et blanc, triste et se sentirait différent.

Ce jour-là, il s’avancerait dans la rue, il s’assiérait à la terrasse d’un café, il commanderait un Perrier. Les gens le regarderaient intrigués et une petite fille le pointerait du doigt en riant. Il se mettrait à pleurer et tout le monde se tairait. Il se mettrait à pleuvoir et tout le monde s’en irait. Il resterait là, seul sous la pluie, à boire sa boisson mouillée. La pluie s’arrêterait et un arc-en-ciel apparaitrait. Le clown aurait alors une idée. Il plongerait son doigt tout là haut dans le rouge et le mettrait sur son nez. Il plongerait son doigt tout là haut dans le bleu et le mettrait dans ses cheveux. Il plongerait son doigt tout là-haut dans le jaune et en colorerait ses habits. Il plongerait son doigt tout là-haut dans le violet et en peindrait son chapeau.

Tout, autour de lui, serait trempé, mais lui, serait sec et coloré.

Il rirait, se lèverait et s’en irait.

Ce serait un film pour enfants mais les grands pourraient le regarder.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

6 commentaires à propos de “40 jours #31| Le film que cela pourrait être.”

  1. C’est beau. Tellement simple et beau. Pas besoin de beaucoup de mots pour écrire en couleurs. Merci.

    • Jean Luc,

      Ton commentaire m’a touchée en plein coeur.
      Le simple et le beau, c’est vraiment ce que j’aime et que j’aimerais développer dans l’écriture.
      Alors merci beaucoup pour tes mots.

  2. Le geste – toute la poétique du geste
    le doigt comme prise de contact – déclencheuse du grand vacarme de la vie
    le geste si précieux si vague et tendre – arrêté suspendu
    point d’orgue féérique du clown – merci vraiment Clarence !!