#gestes&usages #04 | Appointe

Il faut se lancer. Prendre une feuille, de préférence une où seul le verso est resté disponible, c’est le premier jet, c’est donc un brouillon, ça doit pouvoir se jeter sans scrupule. Quand même, défroisser du mieux possible, en lissant avec l’extérieur du pouce. Le double pli à l’américaine, ça ce n’est pas grave, puisqu’il faudra qu’elle reste pliée quelque temps dans le sac de tous les jours, la feuille, parce qu’un premier jet, ça se composte.

Ensuite, l’instrument pour écrire. On pourrait être tenté par les encres. Le double jeu du vert et du rouge pour les surimpositions. On pourrait être tenté par le feutre à pointe fine ou même épaisse pour la fluidité du premier trait. Mais quand même, le crayon à papier, c’est mieux, ça peut s’effacer partiellement, ça rassure pour un premier jet.

On pourrait en choisir un à la pointe assez émoussée, là encore pour la fluidité du premier jet. Attention, si c’est trop émoussé, quand la main s’incline dans la fièvre de l’idée qui vient, la bordure de bois va racler le papier et c’est tellement désagréable. Quand la pointe est effilée, il y a le risque de marquer le papier en creux, qui ne pourra alors s’effacer qu’incomplètement. Choisir ça, c’est prendre l’engagement d’écrire avec une main qui se tient bien droite. Et légère aussi. Ne pas précipiter sa fièvre, quand elle va venir, retenir, éviter l’ornière.

Ah, les crayons larges du grand-père ouvrier qu’il taillait…

Ah, le crayon à mots croisés de la mère institutrice à laquelle il faut un appointe-crayon…

2 commentaires à propos de “#gestes&usages #04 | Appointe”

  1. peut-être utile en fait la mine dure du 3 ou 4 H si me souviens bien, oblige à tenter de penser et maitriser le trait jusqu’à ce que devienne naturel – et pour la marque trop prononcée reste la légèreté du geste

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