« Ce que fait un personnage quand l’auteur ne s’occupe pas de lui »
Paradoxe d’entrée : ce que je ne dis pas de lui, dès lors que je l’exprime (écris), je prends ma position d’auteur (brrrh !), position haute. Je peux conserver cette posture « idéal témoin » omniscient, raconter à la troisième personne ; divers autres dispositifs peuvent tenter d’approcher une réponse, sans toutefois sortir du paradoxe :
- technologie : magnétophone, micro caché dans le pot de fleurs, caméra invisible…
- trou de la serrure : introduire le tiers qui observe, rapporte ce qu’il voit à un autre (pouvant être l’auteur)
- le journal intime du personnage, découverte fortuite
- aveu du personnage sur son « emploi du temps »
- dispute entre l’auteur et son personnage « vous affirmez que – en réalité… »
- le témoin, jusque là inconnu, qui soudain apparaît, prend la parole, raconte ce qu’il sait du personnage
- le document objectif – les faits – rapport de police ou de détective privé
- la lettre anonyme dévoilant…
- la reconstruction à partir de documents banals, relevés de comptes, tickets, factures, péages d’autoroute…
- ………..
Possibilité de roman-choral présentant un assemblage de ces différents possibles.
# Ateliers d’été 10 bis # Que font-ils (elles) ?
Bande magnétique n°066087 Ecoutes téléphoniques autorisées sur personnage Odysseos Mavrokhordatos (alias Max)
- Penelope ?
- Ouais, Max
- Tu as lu le dernier opuscule de l’Auteur ?
- Ouais, Max, on pourrait croire qu’il nous prête une aventure, Béatrice et moi, il ne manque pas de culot ; si Albert tombe dessus, il va faire vilain !
- On devrait exiger de lui une relecture avant publication, tu en penses quoi ?
- OK, Max, tu le connais, toi ?
- Vaguement, il s’appelle Mortin, ou Martin, il habite La Celle St Cloud.
- Parles-en à Albert, il aura sûrement une idée…
Extrait du journal de Béatrice
13 janvier
Rencontré Max (Odysseos) à la fac de Vincennes, cours du soir, avec V.Sacher, Melville, approche inédite. Je progresse en Anglais, faire mon métier, traductrice, sous-titreuse, ça me plairait bien. Je vais doubler des films de femmes à Créteil, faire ça à deux, avec Max ? A-t-il le niveau ?
17 janvier
Max propose un W.E. en Champagne. J’adore le champ. Il neige.
28 janvier
Fait connaissance avec Albert. C’est le Consul en plus jeune… Yvonne ?
Rapport de Phil Arthur, détective privé, à monsieur Mortin, auteur.
Le sujet O.M. s’est rendu au domicile de P.P., rue des Envierges, resté deux heures, puis chez B.L., rue Oberkampf, resté la nuit. Le lendemain matin, St Lazare, train de banlieue pour Bougival, porte-documents cuir sous le bras, rencontré un certain A.S. au bar de La Marinière, ont suivi la Seine jusqu’aux écluses, balancé le porte-documents à l’eau, coulé tout de suite (lesté ?)
Bande magnétique n° 066088. Ecoutes autorisées sur personnage Odysseos Mavrokhordatos (alias Max)
- Penelope ?
- Ouais, Max
- C’est fait, Albert est entré chez M. déguisé en facteur. Nous avons balancé le manuscrit à la flotte
- Bon, il va s’en apercevoir, il réécrira, il doit avoir une sauvegarde, je connais ce genre de type, trop fier de son « œuvre », prêt à la diffuser partout…
- Bon, tant qu’il ne nous fait pas mourir d’un accident de voiture…
Documents rassemblés par Arthur Phil pour M. M., dit l’Auteur.
Chez Max
Péages autoroute, sortie Cavaillon 24 Eur.
Facture 2 repas Bougival, La Mariniére, 44 Eur
Bordereau remise chèque Léopold Bloch, vendu mon vélo compét. Modèle Ventoux, 1200 Eur
Chez Albert
Facture caisse Talisker 480 Eur
Facture Hôtel Calypso, 2 nuits, 2 petits déjeuners 260 Eur
Facture 3 repas restaurant Les tilleuls Port Marly 270 Eur
Lettre « anonyme » reçue par M. M., dit l’Auteur
« J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’on en veut à votre œuvre, si ce n’est pas à votre vie. Hier soir, j’ai surpris une conversation de bar entre deux hommes et deux femmes se disant « en quête de leur Auteur » afin de lui faire un mauvais parti. Comme ils ont prononcé votre nom, que j’ai adoré vos précédents romans, j’ai décidé de vous écrire pour vous avertir au plus tôt.
Pour ma propre sécurité, je signe d’un pseudonyme
Votre admirateur, Virgile Lainée »
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