#été2023 #16 | Le projet

La première partie du texte consiste en un assemblage plutôt hétéroclite de fragments tentant de répondre aux injonctions littéraires nées des composants classiques du roman : lieux, personnages, situations, temporalités… En première (re)lecture, on constate que l’auteur ne suit pas un projet d’ensemble, une ligne directrice, imaginant une ou plusieurs intrigues tissées avec les éléments du fatras initial ; il semble avoir produit « paresseusement » les textes dont il est bien embarrassé pour en dégager un « fil rouge ». Apparaît cependant, un parcours de vie : le personnage principal, Odysseos Mavrokhordatos,  circule au cœur des « trente glorieuses » puis des « quarante maussades » ayant suivi ; témoignage d’un enfant du baby boom de l’après guerre achevant la transition de la paysannerie à la petite bourgeoisie urbaine, période marquée par la fin des guerres coloniales, le putsch d’Alger, mai 1968, l’arrivée des socialistes au pouvoir…  Le héros, de l’école primaire au monde du travail, jusque dans sa retraite, conserve des liens tenaces avec le monde de la nature, avec les quatre éléments bachelardiens dont la Terre apparaît comme dominant.

L’auteur envisage de structurer son récit autour de quelques étapes-clés vécues ou non par les personnages essentiels (O, A, B, P, R… ). Chaque étape sera marquée par la rencontre d’un personnage secondaire, juifs errants en général, élément autofictionnel apparu dans #15#La Terrasse.

Pour mener à bien l’écriture d’un texte romanesque bâti avec les briques-fragments évoqués ci-dessus, l’auteur aurait besoin de rencontrer Pierre Bergounioux et de voyager en train de banlieue (couleur vert-kaki de préférence) entre St Lazare et St Germain-en-Laye. Depuis 1972, la ligne est malheureusement raccordée au RER ; adieu nos vieux wagons verts aux brumeux compartiments FUMEURS… Autant dire qu’il s’agit d’une mission quasi impossible. En outre, l’auteur devra relire toute l’œuvre de Joseph Roth consacrée à l’errance juive.

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