Au bout du quai numéro quatorze

Composteur, orange était ton ancêtre. L’assassin du poinçonneur, métier disparu auquel Serge rendit un hommage poétique. Compter les passagers, en allers, en retours, en correspondances, le matin, le midi et puis le soir aussi, plus rarement la nuit. Enrayer la fraude, pistes magnétiques, tampons, dates, codes, numéro de gare, le matin, le midi, et puis le soir aussi, plus rarement la nuit.Croquer les doigts des petites mains d’enfants, les filles, les garçons, et puis les vieux égarés aussi, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit. Point de rendez-vous des amants, des amis, des haletants, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit. Retrouvons-nous au bout du quai numéro quatorze. Composteur, jaune aujourd’hui, soleil, bouton d’or, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit. Magnétique, poétique, robotique, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit. En gare, s’égarer dans le flot des voyageurs en transit, pressés, énamourés, dispersés, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit. Passagers vagabonds, fébriles, fiévreux, inquiets. Sera t’elle au rendez-vous. Des matins de vertige, des midis au zénith, des soirs d’abandon, à quoi bon, des nuits d’insomnie. Explorateurs, nomades, vagabonds, étrangers, pèlerins, revenir en terre sainte, territoires amoureux, au milieu de la foule le voilà, le matin, le midi, le soir, plus rarement la nuit.