A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

#enfances #06 | voix-tu?

Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans le coin. Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait Goliarda Sapienza – L’art de la joie   La voix qui mène à la mère. Ondes transportées. Vibrations auto-excitées. La voix sans les paroles. Le souvenir s’accroche à la mélodie. On peut l’imiter, la faire Continuer la lecture#enfances #06 | voix-tu?

#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #04 | Les jeux du corps

Là où les mots ne peuvent être entendus, le corps exulte. Une fillette. Aussi transparente qu’une larme. Ses yeux fouillant les regards perdus au-delà de sa présence. Ce corps, son corps, entend, ce corps, son corps, voit, goûte, sent, touche. Mais ce corps – son corps, cette fillette, elle, moi – n’existe pas. On ne l’entend pas. On ne le Continuer la lecture#enfances #04 | Les jeux du corps

#enfances #03 I Inspirer

Inspirée.  J’avance dans une maison aux accents fantastiques. J’explore la géographie labyrinthique d’un lieu que je ne connais pas. Chaque pièce, chaque recoin est une cachette potentielle, les ténèbres n’assombrissant guère la certitude joyeuse de trouver l’endroit le plus inaccessible à la perspicacité des autres. Là où je gagnerai leur estime. Inspirer, profondément. Vouloir mettre en difficulté celui, celle qui Continuer la lecture#enfances #03 I Inspirer

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #00 I Dédale

Se perdre dans le dédale de pièces d’un vieil immeuble ou plutôt d’une vieille maison mitoyenne déployée sur trois niveaux. Derrière une lourde porte à double battants au vernis écaillé un rez-de-chaussée par lequel on entre et par lequel on peut ressortir mais vers une autre cour, de l’autre côté. Il est traversé par un couloir sombre et étroit, encombré Continuer la lecture#enfances #00 I Dédale

#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes

Peyriac-de-mer, C’était chez Marraine. Celle de ma mère. Mais nous aussi on l’appelait Marraine. Deux à trois fois par an, on allait y manger un repas qui durait tout l’après-midi. En été comme en hiver. L’été c’était la chaleur écrasante sur le parvis de graviers bordé de pins à pignons donnant sur des champs de sel, c’étaient les mouches et Continuer la lecture#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes

#été2023 #11 | il y a plus ou moins longtemps…

Certes il fut remplacé immédiatement. Les usagers ne furent pas lésés. Et le jeune homme qui maintenant fait sa tournée les importune. Il n’y peut rien – croit-il – il sent bien qu’ils attendent son retour, malgré leur gentillesse, malgré leur curiosité à son égard.  Le petit facteur a disparu du paysage quotidien trop brutalement pour qu’ils restent indifférents. Qui Continuer la lecture#été2023 #11 | il y a plus ou moins longtemps…

#été2023 #10bis I l’indiscrétion

Quelle est cette indiscrétion dans laquelle on me plonge ? Si j’étais apte à la honte j’en emprunterais le costume. Mais il n’est pas à ma taille. On m’a affublé d’un uniforme sans décorations loin de l’Habit Vert – en réalité bleu foncé ou noir – qui m’échoit dans les rêves. On m’a fait beau, certes, mais petit, et qu’est-ce que Continuer la lecture#été2023 #10bis I l’indiscrétion

#été2023 #10 I peut-être, lui

C’est quelque part dans la ville. Où ? Que nous importe ? Il suffit d’imaginer que là, il dort et il mange. Il y commence et finit ses journées. Il allume la lumière avant de sortir du lit. Il l’éteint une fois le marque-page inséré dans le journal de Kafka au hasard des pages, il détermine ainsi sa prochaine lecture. Continuer la lecture#été2023 #10 I peut-être, lui