A propos de Lisa DIEZ

Artiste-joueuse polyvalente. Valises posées depuis 6 ans dans les arts en espace public : performeuse, metteuse en scène, dramaturge. Passages par la peinture, le documentaire, la photo, détours fréquents par le dessin… Et l’écriture, soutien fidèle de ces traversées. Site : alasource.org · Instagram : docteure_vitale

#carnets #prologue | le poids des carnets

J’ai six ans, le père m’offre un carnet rouge à couverture rigide et petits carreaux bleus qu’un élastique tient fermé. Les pages sont douces et fines, l’odeur et les lignes me donnent envie d’écrire, je suis entrain d’apprendre. Voilà à quoi sert l’écriture, remplir des pages vierges. J’y consigne ce que je mange, en détail. Je remplis mon ventre pour Continuer la lecture#carnets #prologue | le poids des carnets

#photofictions #09 | suite de l’enregistrement n°452

…Je sais pas si ce détail a de l’importance mais elle s’est longtemps levée tard le soir pour espionner les parents elle était persuadée que les adultes portaient des masques et qu’en dessous des masques il y avait des faces molles gluantes verdâtres avec des dents de requin et beaucoup de bave ils étaient malins portaient leurs masques quand on Continuer la lecture#photofictions #09 | suite de l’enregistrement n°452

#photofictions #05 | décors Catalans (chantier)

(…)Elle tenait plusieurs journaux à la fois: un cahier jaune poussin format A5, un fichier intitulé « MOI », un fichier intitulé « écriture », un autre intitulé « pensées désordre » sur l’application Evernote, un autre intitulé « VRAC à ranger » sur l’application Notes (les deux applications étaient synchrones dans son ordinateur et dans son téléphone), un cahier dédié à ses rêves, un autre aux listes Continuer la lecture#photofictions #05 | décors Catalans (chantier)

#photofictions #04 | qui se dérobe

Le téléphone stationne aux pieds du miroir en mode caméra inversée. Le téléphone et le miroir renvoient l’image de l’homme nu qui se regarde dans le téléphone qui a été réglé par l’homme, qui le mitraille alors qu’il contracte ses biceps, caresse ses bras, leurs tatouages symétriques à droite, à gauche. L’homme aime le bruit de la promenade de ses Continuer la lecture#photofictions #04 | qui se dérobe

#photofictions #03 | la photo qui n’existait pas

Aussitôt Nan Goldin évoquée, aussitôt surgissait le souvenir d’une photo qui n’existe pas. Un homme nu est allongé dans un lit aux draps froissés, l’air absent. À sa droite une femme assise, nue ou presque nue, fume une cigarette. Elle est encore là, il est loin. Alors que je tente de traverser autrement l’exercice, cette image revient frapper l’écriture. Et Continuer la lecture#photofictions #03 | la photo qui n’existait pas

#photofictions #02 | en décousu

Autoportrait en pieds. Présenter au jury le résultat d’un an de captures quotidiennes de pieds sur le vif avec un boitier manuel. Developper parfois les photos chez cette fille brune qui a disparu. Revoir sa main faire rouler une petite cuve de développement sur la moquette. Coller les photos sur les pages d’un cahier d’écolier. La peinture s’approche. Transformer les Continuer la lecture#photofictions #02 | en décousu

#photofictions #01 | Prendre

Fermer les yeux. Le sable humide, épais, se faufile entre les orteils. Le vent bouscule le front. C’est l’hiver. Les machines qui lissent la plage avant l’aube viennent de partir. Je voudrais être le sable. J’ouvre les yeux. L’instant est savoureux. Il déclenche le geste? D’abord quelques étendues. Ciel, sable, mer. Je voudrais ranger mon téléphone, ne rien prendre. Trop Continuer la lecture#photofictions #01 | Prendre

#40jours #07 | Tombe

À Téhéran, ils passent, se cachent, transpirent, respirent d’épices en pots d’échappements, s’engouffrent dans les cavités depuis les aisselles poivrées, s’y perdent, retrouvent le noir profond des yeux, des drapés, paquets noirs de femmes, un jour ils descendent pallier après pallier vers le métro carrelé, impeccable, frais, perdent cette fois les odeurs du plein jour, filent, ils veulent voir le Continuer la lecture#40jours #07 | Tombe

#40jours #06 | qui dirigent

cartes qui dirigent, cartes qui civilisent, organisent, rangent, limitent, pas de cartes chez les rêveurs d’Australie, mais des dessins à l’ocre sur les peaux, les rochers, et des pistes qui chantent, les cartes c’est nous, peuples à repères, à signes bavards, à double sens, avec notre monde parlant à l’infini de notre monde en dessous, nos premières cartes sur des Continuer la lecture#40jours #06 | qui dirigent

#40jours #05 | son heure

Ses savates se collent, décollent du lino beige, annoncent un silence d’horloge, lumière de sieste à travers les stores à demi fermés, odeur de chaleur, odeur d’été, reste de poisson dans le frigo frôlé parfois en clapotis doux par les lanières du rideau dans le courant d’air fin, courant d’air calculé au millimètre qui agite à peine le ruban rose Continuer la lecture#40jours #05 | son heure