A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

#anthologie #09 | le petit blouson en cuir rouge, les sirènes et le tonneau.

Il aurait peut-être fallu se faire boucher les oreilles à la cire ou être solidement attaché au mât mais quand on se promène en ville on ne pense pas à s’arrimer aux mythes, on vit la modernité sans ancrage, on traverse sans vraiment voir, les devantures deviennent le décor d’un road movie de samedi après-midi tout ce qu’il y a de plus Continuer la lecture #anthologie #09 | le petit blouson en cuir rouge, les sirènes et le tonneau.

#anthologie #08 | Portes closes

Il n’y a que dans les contes aux histoires de pièces interdites qu’on pense à fermer les chambres à clé. Peut-être aussi au moment de la crise d’ado, mais on se contente souvent de dessiner un panneau avec un sens interdit. Et puis elle, elle ne s’était jamais dit qu’une chambre, surtout quand on vit seule ou presque, ça aurait Continuer la lecture #anthologie #08 | Portes closes

#07#Anthologie# La petite lampe verte et le panoptique

Le plafonnier n’est que très rarement allumé, trop lumineux, trop parfait, panoptique du chez soi, on le réserve pour les soirées. Cet attrait pour les petites lampes disséminées ici et là en guise de réconfort.- Incompréhension des rigides du contrôle de la consommation énergétique, mais enfin tu vas payer trop cher avec toutes ces lampes.- Peur de la lumière trop centrale Continuer la lecture #07#Anthologie# La petite lampe verte et le panoptique

#anthologie #06 | solitude à blanc

La solitude tire à blanc quand elle n’a pas d’échos dans lesquels se fondre. A quoi bon l’étaler quand elle n’est pas poétiquement correcte, quand elle n’est que transpiration matinale devant une tasse de café sans altérité, quand elle n’est que pleurs silencieux devant les angoisses du monde qui enfle de colère, quand elle n’est que perplexité non créatrice devant Continuer la lecture #anthologie #06 | solitude à blanc

#anthologie #05 | Justaucorps de salle des fêtes

C’est un corps de petite fille. Dix ans tout au plus. Posé là, parmi d’autres petits corps à peu près du même âge. Une scène de salle des fêtes du coin, rangée de petits corps faisant face à des spectateurs d’un jour installés sur des chaises pliantes en plastique qu’on rangera dans la remise dans deux heures, sur un fond Continuer la lecture #anthologie #05 | Justaucorps de salle des fêtes

#anthologie #prologue | Peaux, pommes, poussière et genoux écorchés.

Je suis née en premier. J’ai cru que j’étais la première.  La première du ventre de ma mère. J’ai ignoré la place laissée avant moi. J’ai crié sans savoir. J’ai pris la place d’aînée. Je n’ai pas douté. J’ai mordu. Peaux, pommes, poussière. J’ai arraché. Cheveux, herbe, sentiments. Je suis tombée. Genoux, croûtes, réconfort. J’ai menti, croix de bois croix de Continuer la lecture #anthologie #prologue | Peaux, pommes, poussière et genoux écorchés.

#gestes&usages #02 | marcher quand on a les cuisses qui se frottent

Marcher quand on a les cuisses qui se frottent. Corps scie. Ne pas montrer le supplice, essayer de faire comme si on l’avait, ce corps dont on rêve, celui de celles dont jamais les chairs n’ont à suinter, à rougir du mouvement ; oui celui de celles qui n’ont pas à se demander si ça se verra, que ça fait mal. Continuer la lecture #gestes&usages #02 | marcher quand on a les cuisses qui se frottent

#gestes&usages #01 | Les ongles de la vieille

À cause de la couleur de ses ongles, éternellement rouges, on ne parvient pas à l’imaginer dans un cercueil sombre. Même au crépuscule de sa vie elle continue, inlassablement, maladroitement certes, de plus en plus gauchement, oui, sans doute, mais elle continue. Un rouge sans nuances, plein, ne tirant ni sur le rose- horreur, jamais elle n’aurait accepté- ni sur Continuer la lecture #gestes&usages #01 | Les ongles de la vieille

#enfances #02 | Naphtaline et dentelles.

Retenir sa respiration, à cause de la naphtaline…sorte de plongée en apnée dans les profondeurs du corps invisible… la main tâtonne religieusement …Comment est-ce possible que cela sente si mauvais au milieu de tissus si doux ? L’acre odeur de l’interdit…Pourquoi ses vêtements de tous les jours, ceux de l’armoire toujours ouverte, paraissent-ils si ternes à côté de cet étalage intime Continuer la lecture #enfances #02 | Naphtaline et dentelles.

#enfances #01 | Fraises Tagada, bras en bois et tabac blond

Elle habitait seule dans la grande maison en face de l’école. Oui, seule survivante, paraît qu’avant, des comme elle, y en avait plein la grande maison d’en face de l’école, ça grouillait disent les anciens. Mais on n’y était pas, aujourd’hui la gardienne des lieux c’est elle. Rien d’un cerbère. Au contraire, il faut trouver la meilleure excuse possible pour Continuer la lecture #enfances #01 | Fraises Tagada, bras en bois et tabac blond