autobiographies #08 | fragments

Ce sont deux marches en pierre à descendre ; la porte par une chaise en bois aux beaux jours ; avec un carillon carillonnant au souffle du vent ; au matin les effluves de lait bouilli ; la confiture des fruits d’été ; rires en haut de l’échelle ; une gazinière d’un autre âge ; où des bûches se consument ; des portes de placard en contre-plaqué ; blanches comme le carrelage au-dessus de l’évier ; au-dessus encore une fenêtre à petits carreaux ; un rebord pour les plantes vertes à hauteur de la lumière du jour ; jusqu’au trois quart des murs des carreaux émaillés ; en son centre une fleur à quatre pétales disjoints peinte ; des pistils dessinés comme des flèches s’élançant vers les angles ; couleur bordeaux comme le lino ; recouvrant la table une toile cirée aux motifs floraux ; taches brunes de brûlures éparse ; une tapisserie de marguerites orangées ; une joie de s’attabler ; retirer le pain du placard ; une porte coulissant vers la droite ; avec un rail empli de miettes ; à côté la cachette du chocolat poulain ; posé sur la chaise en bout de table un tablier fleuri ; juste devant la gazinière ; un reste de café dans la cafetière ; les tasses dans l’évier ; des pommes de terre coupées en lamelle dans un plat rectangulaire ; un chat endormi dans les bras.

Deux fenêtres donnant sur le jardin ; blancheur des poiriers en fleur ; contre le mur nord une armoire en chêne à deux portes pleines ; sur la tringle des cintres vides ; senteurs de bois de cèdre ; des vêtements laissés pour les vacances ; une boite de souvenirs ; galets aux formes subtiles ; coquillages moirés ; la possibilité de s’y cacher ; Les mémoires d’un âne oublié dans la table de nuit ; à chaque retour, un nouveau dessus de lit ; carrés de crochet assemblés ; patchwork de vieux tissus ; le lit deux places au centre ; la tête de lit contre la cloison ; en miroir avec la chambre attenante ; mince séparation ; on frappe pour se dire « bonne nuit » ; la pièce lugubre ; à la nuit tombée ; au bout d’un long couloir ; derrière les fenêtres, les ombres du jardin ; fermer les volets accroupie, camouflée par le mur ; trembler ; recommencer ; être en première ligne si les monstres sortent du bois ; avoir peur de se lever la nuit.

Dans la salle de bain ; deux marches usées à monter ; une tapisserie vichy bleu ; les volets fermés, souvent ; en enfilade, une chambre à coucher ; frapper avant d’entrer ; une baignoire émail sans rideau ; soutenue par quatre pieds abîmés ; des guirlandes de roses de coton au rideau de la fenêtre ; pour se cacher de la rue ; craquement du parquet verni ; au-dessous le chai humide ; les serviettes s’étendaient sur le rebord de la baignoire ; la flamme bleu du brûleur de la chaudière ; à l’ouverture du robinet d’eau chaude ; parfois instable ; chair de poule ; se savonner, se hâter ; un regard au miroir ovale au-dessous du néon ; lumière froide ; after shave petrol hahn vert bouteille ; un carton comme étagère.

Aurais eu envie de plus d'action, y insérer le souvenir d'un moment, d'un souvenir plus précis dans le temps. Peut-être lors d'un autre mouvement d'écriture pour développer, enrichir. 

A propos de Fabienne Savarit

J'ai toujours eu envie d'écrire des histoires. Le temps me manque, alors j'écris par petits souffles, en atelier, dans des carnets, sur un coin de table. Mon premier roman a été publié en juillet 2020, j'en suis encore ébahie. Mes mots sont voyageurs et se perdent au creux des courants marins. https://www.facebook.com/Fabienne-Savarit-Autrice-105753008006663