#été2023 #01bis | poussière et vibration

l’odeur du parquet – elles s’étaient assises par terre en rentrant du concert – l’odeur c’était la poussière – pas la saleté – la poussière du temps qu’exhalait le bois brut. Pas comme chez elle – elle c’était moquette et lino. Sa copine – quand on a une mère maniaque – c’était nickel pour une chambre d’étudiante – sous le zinc – l’arrondi des toits de Paris – c’était place Monge. L’atlas est lentement feuilleté – le doigt remonte des fleuves et franchit des vallées – des océans. Leur voix rauque retour de concert – se mêle l’odeur de cigarettes – cheveux poussière et l’âme entraînée plus loin encore que la musique. Encre – cahier de brouillon – carreaux d’écolier – encre belle plume – son plus beau cadeau – dans la nuit place Monge le monde dort – la camarade aussi – l’heure n’est pas au marché – les premiers forains – loin – ne chargent pas encore – un vent par les mers vient jusqu’à sa main ensemencer les phrases

A propos de Laure Humbel

Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine, prévu au printemps 2024, s'intitulera «BigBang». Actuellement, je travaille à un texte qui s'alimente de la matière des derniers cycles d'ateliers.

5 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | poussière et vibration”

  1.  » L’atlas est lentement feuilleté – le doigt remonte des fleuves et franchit des vallées – des océans. »  » un vent par les mers vient jusqu’à sa main ensemencer les phrases  » Comme j’aime cet appel à écrire, ce souffle géographique. C’est vraiment beau Laure.

  2. Il y a de ces petits détails (comme en relève Muriel) qui sont des appels plein d’énergie. Il y a du vent. Merci.

  3. Les odeurs – le toucher – la voix et la musique – progression rapide en quelques images jusqu’au moment d’ « ensemencer les phrases », j’ai aimé ces images en pointillé, merci.

  4. très sensuel et vif, brossé comme une peinture à coups rapides ou alors comme un croquis, on peut y mettre chacun ses propres souvenirs de jeunesse, très similaires

  5. Ce vent qui ensemence la phrase Place Monge . La mer et la poussière. L’Atlas. Et partir loin. Merci Laure