#été2023 #06bis | Etudes chiffrées

Quelques données chiffrées pour une vie d’étudiant :

  • Combien d’appartements ? 2 ans à Talence dans le 4×4 m meublé, 1 an rue Les Terres avec le voisin apatride et bavard, une année en coloc avec Cecca derrière la Victoire (et ME venait dormir de temps en temps, sur le futon), 1 an rue de Saintonge (ou c’était directement le Cours Aristide-Briand), 1 an en coloc avec ME derrière la Victoire (rue Cousin, et après elle a passé son année de prof stagiaire à Marmande), tout le reste rue Fonfrède (trois ans, ME à Lognes deux années, et la naissance du petit). Sans compter les squats chez Ben et chez le Beg, l’année où je ne parvenais pas à trouver d’appartement (pas trop cher), avant la chambre rue Les Terres.
  • Les notes, dont je n’ai aucun souvenir, les coefficients, pour une histoire de compensation, de moyenne en équilibre instable, d’effort mesuré ici ou là, en mode service minimum, et plutôt tendance à la baisse.
  • Pour la cuisine, le petit réchaud Campingaz à deux feux de tonton Ben — celui qu’il emportait chaque année pendant la semaine de vacances dans les Pyrénées, début septembre, avant la mort du grand-père, et fini les vacances —, une petite bonbonne de gaz bleue, une ou deux boîtes d’allumettes (combien dans une grosse boîte ? — 100), une petite poêle, une casserole moyenne, une toute petite casserole (idéale pour faire chauffer l’eau du bol de café), pas de four, deux serviettes et deux torchons, un lot de couverts dans une boîte en plastique (de quelle couleur le gainage ?), un égouttoir en plastique rouge pour les pâtes et le riz, la radio de la minichaîne Tokaï sur Sauvagine ou un disque dans le lecteur (et ça frotte).
  • La pharmacie ? rien que je me souvienne. Peut-être de quoi parer les douleurs, les maux de tête ? Aspro ? Doliprane ? Efferalgan ? Aspégic ? 500 ou 1 000 ?
  • À l’époque, ce n’était pas une douche chaque jour, surtout les premières années avec la douche à l’extérieur, mais plutôt deux ou trois par semaine, avec shampooing pour les cheveux toujours plus longs, jusqu’au service militaire. Je me demande si ce n’est pas là, à l’armée, que s’est imposé le rythme de la douche quotidienne. Ou après la vie en commun avec ME.
  • 16 années de vie étudiante après le bac D, 17 en comptant l’année de service militaire en pompier de l’Armée de l’Air où j’ai passé un bac littéraire (allégé grâce au bac scientifique), dont 13/14 avec ME, 8 le directeur de thèse, 6 avec le petit, 3/4 avec une psy et 2 avec la petite. Et encore combien derrière, à ne pas dire leur nom, durant le travail dans la structure ? (On compte les essais/échecs pour l’agrégation ?) (Et le désir de Master Création littéraire, au Havre.)
  • Je ne me souviens pas des numéros des lignes de bus. Y en avait-il ? Des lettres ?
  • Avec la douche et le shampooing, on change aussi de vêtements. Dans le sac de la semaine (parfois deux, alors on, double, peut-être) on emportait quoi ? Deux à trois paires de chaussettes, autant de caleçons (pas encore des boxers), trois t-shirts, deux pulls ou sweats, la surchemise à carreaux (mais pas de chemise, il faudra attendre le premier mariage pour en acheter une), le gilet synthétique tout distendu, deux jeans (pas d’autres genres de pantalon, toujours bleus, plus foncés ou plus clairs, parfois déchirés). De quoi courir de temps en temps : une paire de tennis, de grosses chaussettes de foot jaunes et deux liserés noirs, un short de foot noir, un vieux t-shirt (et pas de poche, on en faisait quoi des clefs ?). J’aimais bien la paire de Airwalk bleu ciel et les Doc Martens, la veste sans col en faux cuir et manches coton (un faux Teddy), la surchemise à carreaux bleu-vert trop longue. Ne reste de cette époque, entre les Sciences et les Lettres, que les chaussures de l’armée, type derbys noirs, le calot et les épaulettes de première classe à une attente orange.
  • Combien d’élèves ? J’ai gagné un peu d’argent avec de l’aide aux devoirs, en français, via Acadomia et leur système de coupons remis à chaque prestation et dont je devais enregistrer les numéros sur le site Internet (gare à ne pas les oublier ni les perdre). Mais combien d’élèves j’ai eus ? La jeune en sport-étude de tennis qui reportait souvent le cours, la grande quatrième aux mitaines qui me parlait de ses araignées, un petit bonhomme en primaire que la maman prof de Lettres des classes prépa à Gustave Eiffel trouvait faible, un lycéen en seconde qui avait perdu sa mère, un autre en première scientifique pour revoir les méthodes de lecture avant le bac, le petit cinquième qui puait des pieds, et Justine que je retrouvais à la bibliothèque municipale. Sept élèves ? J’en oublie forcément. Mais ce n’était pas des élèves. Tous, chaque fois, je les retrouvais seuls. C’était peut-être de l’aide aux devoirs, avec pour une bonne part une façon de baby-pédo-ado-sitting. On discutait un peu, au moins pour savoir comment s’est passée la journée. Et si je pouvais recommencer, je leur lirais simplement les textes au lieu de leur faire faire les exercices, de leur faire prendre des notes, de les faire écrire, et je prendrais tout mon temps pour lire, comme si je lisais une première fois à part moi avant de lire à voix haute et avec le ton, le bon timbre. Et à chaque personnage sa voix, comme j’essaierai de le faire plus tard avec les histoires pour les petits. Et combien d’histoires comme ça j’ai lues ? Combien de textes ?
  • (Et des lieux, quels souvenirs ? En tout cas, ici, 18 livres sur le bureau, 7 disques, le journal Le1 (pas déballé), un Tracts de Gallimard, Ce qui ne peut être volé, le trimestriel Magic, une boîte de Bisoprolol vide (pour penser à aller chercher l’ordonnance, demain), un grand bloc-notes orange, un dépliant de La Maison des Bateleurs – Solidarités Jeunesses, le bulletin de paie (pas rangé), une base du nouveau téléphone qui donne l’heure, dans une coupelle oblongue la montre connectée de ME dans (qui coupe les conversations téléphoniques en prenant subitement le relais de son mobile — je prends la communication ?). Le reste, n’en parlons pas, c’est ce qui ne tourne pas.)

A propos de Will

Formateur dans une structure associative (en matière de savoirs de base), amateur de bien des choses en vrac (trop, comme tous les grands rêveurs), écrivailleur à mes heures perdues (la plupart dans le labyrinthe Tiers Livre), twitteur du dimanche sur un compte Facebook en berne (Will Book ne respecte pas toujours « les Standards de la communauté »), blogueur éphémère sur un site fantôme (willweb.unblog.fr, comme un vaisseau fantôme).

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