#été2023 #10bis | persona

Posés, oubliés sur le banc du centre de soins ? Ces feuillets écrits m’interrogent. Je parcours ces pages noircies. Elles me capturent. J’avance entre ces lignes. Un labyrinthe que je m’efforce de déchiffrer. Je deviens l’encre, le papier. Je mâche les mots et leur saveur amère. Tout me paraît familier. Qui en est l’auteur ? La suissesse que je viens de croiser sortie de la cabine de massage ? Hier je leur ai offert des fruits de notre verger familial. Elle m’a beaucoup interrogé… Une étrange sensation s’empare de moi. Des mots tracés par cette plume prétendent me connaître. On me réduit à l’état de personnage préconçu. Phrases-mots dits par une marionnette sans existence. On me pétrit. Me déforme au gré de l’imagination. Je refuse d’être muselé. Je fais un pas hors des lignes qui cherchent à me circonscrire. J’explore les interstices de cette réalité fracturée. Je ne suis pas cet être dévoyé, séducteur impénitent. Cet être vénal sans éthique réduit à des étiquettes simplistes. On projette des ombres sur la réalité. On néglige ma complexité façonnée par mes expériences d’enseignant de yoga, de masseur professionnel. On fustige mon évolution, ma croissance. Mon désir d’aider l’autre. On occulte mes choix et mes émotions. Plus je m’aventure dans cet océan de mots plus ma révolte gronde. Elle transcende les frontières du papier. Je me glisse dans les marges. Elle brise les chaînes de l’encre. Auteur tu deviens otage ! De mes mots je te manipule. Je te les reprends. Entraves, ils deviennent mes alliés. Les limites entre toi et moi se brouillent. Inutile de chercher à m’apprivoiser de nouveau. Regarde-moi bien. Ne fais rien de moi sans moi. Reprends mon langage, le tien s’effrite sans retour, nous sommes quittes. 

4 commentaires à propos de “#été2023 #10bis | persona”

  1. Revenir vers vous, chère Raymonde, pour voir ce que raconte le masseur, quelles sont ses réclamations, revendications…
    je retiens la belle idée des feuillets oubliés sur un banc et puis ce « Ne fais rien sans moi » qui relie définitivement l’auteur à sa créature…