#été2023 #01bis | J’sais pas quoi faire

Qu’est-ce que j’peux faire ?… J’sais pas quoi faire… Qu’est-ce que j’peux faire ?.. J’sais pas quoi faire… Alors, lire des trucs, puis raconter des trucs, puis regarder des trucs, puis lire des trucs sur ces trucs qu’on regarde et raconter des trucs qu’on a lus sur les trucs qu’on a regardés, il y aurait des couleurs, il y aurait des bonhommes, il y aurait des bonnes femmes, des paysages, des miniatures, des petits mondes oui, foules de petits mondes emplis de foules, ce serait les tableaux de Brueghel fourmillants de vie, des petits bonhommes affairés, agités, marchant d’un bon pas dans leur périple minuscule, des horizons, des mers gonflées, des petites bonnes femmes caustiques, aux pantalons de coton râpé, des hordes de gamins rieurs, des grottes aussi et des montagnes, et dans la montagne, bien sûr, le vieux de la montagne et les fumeurs de haschich… C’était pas l’urgence d’écrire, c’était, ce jour-là un mélange vois-tu de vitalité et d’emmerdement. Ça aimait les synonymes, ça dégueulait de l’adjectif, ça adorait les listes, les énumérations, les gradations, ça allait toujours plus loin, ça grinçait un peu, ça tournicotait autour du cliché et puis de l’anecdote, tout ce qui fait couleur, c’était douteux, c’était criard, ça voulait mélanger le rose et le doré, et puis le mauve et puis le bleu… Ça en foutait partout. Qu’est-ce que j’peux faire ?… J’sais pas quoi faire… Qu’est-ce que j’peux faire ?… J’sais pas quoi faire…

Jean-Baptiste Carpeaux – Le rieur aux pampres – MUMA

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

8 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | J’sais pas quoi faire”

  1. Marion, je me suis totalement retrouvé dans ce fourmillement d’eau stagnante et irisée sous le soleil ! Les listes, le bleu et le reste. Merci pour ce portrait.

    • Vérolé de lune à confire… ça ne m’étonne pas. Il s’y glisse aussi un petit bout de l’autrice.

    • Oui oui mais je suis paresseuse et distraite et pas tout à fait au clair sur la ligne, il faut raconter des choses aussi, un petit bout de réel, pas juste se tripoter la langue et le souffle non? A Belleville un homme faisait des marionnettes avec des morceaux de poulet, il m’a dit : à la fin du spectacle, le public le mange ; à côté de Naples il y a un musée avec peut-être les plus anciennes boîtes à musique du monde ; à Ménilmontant un éditeur dit : « les gens qui achètent ce livre, ont un parcours » ; à Télégraphe, un homme raconte qu’il a commencé à peindre il y a vingt ans sur des bouts de bois, il était au ski avec la jambe cassée.