#été2023 #01bis | l’appel du conte

Ca avait commencé un soir, un conte que j’avais lu. Et qui m’avait bouleversée. Je l’avais retenu dans ses plus infimes détails et j’avais raconté cette histoire, ce conte à tout qui je rencontrais. Et pendant des jours et même des mois je le racontais encore et encore. Le temps passait et il n’y avait que cette histoire qui m’habitait. Je ne pouvais pas dire précisément ce qu’il me faisait ce conte, pourquoi il me parlait ainsi, ce qu’il remuait en moi si profondément. Au bout d’un moment il avait bien fallut prendre l’appel en compte, je veux dire, admettre que cette histoire me voulait et qu’il fallait à présent l’écrire à ma façon. J’avais arrêté net les travaux de rénovation de la maison. Mon compagnon était furieux. Il avait fallut déménager alors que la maison était en chantier. Je m’étais installée au grenier. Il y faisait calme. J’avais mis la main sur un vieil ordinateur portable. Un vieux pc à disquette, très épais. Le clavier claquait sous les doigts et la souris se résumait à un petit bouton blanc perdu entre les touches, on aurait dit la gomme circulaire d’un crayon noir. J’avais trouvé sur la rue un petit bureau d’écolière ; des pieds de métal chaussés de caoutchouc surmontés d’une planche de bois en pin de soixante centimètre de large avec tablette à rabat. J’avais souvent l’impression d’y être à l’école. Un lecteur CD dans l’ordinateur portable, le même disque, en boucle, toujours, du piano solo très doux, je me laissais bercer ou hypnotiser par la musique. Il fallait rester au plus proche de ce bouleversement initial, rester toujours en lien avec lui et curieusement, c’était cette musique qui m’y aidait. L’écriture était musicale. Tout comme diviser une histoire en tableaux me paraissait très rythmique. Restait, au sein de ces tableaux à animer les scènes. A les faire jaillir de l’image. Puis laisser les dialogues se tisser. J’avais trouvé à l’intérieur de cette trame préexistante l’espace pour déployer un monde visuel et poétique qui m’appartenait. Je me laissais porter par cette trame. L’émotion qui habitait ce conte était pour moi si forte que je n’avais aucun besoin de travailler à la créer. Il suffisait de laisser le tout se déployer. De soi-même.

A propos de Sybille Cornet

Je n’ai pas de page Facebook ni perso ni privée. Ni d’instagram. Et pas de site non plus autour de mon travail. Je sais que question communication c’est pas top. Je vis mieux dans l’ombre. Mais je travaille à tenter d’en sortir. Je suis autrice et metteuse en scène. Principalement de théâtre jeune public. Le théâtre jeune public est un milieu qui vit un peu en autarcie. On se connait tous et toutes. Et donc la nécessité n’est pas forcément là pour me pousser dans le dos. J’ai une pièce de théâtre publiée Le genévrier chez Lansman. J’ai un texte publié dont je suis contente, une ode aux pieds nus (La matière du monde) édité chez Post industrial animism. J’ai publié des textes poétiques dans un magazine que j’adore et qui s’appelle Soldes almanach, magazine assez branque sur les nouvelles utopies. Il y a une adaptation sonore d'un spectacle performance sur le Syndrôme de Stendhal que j'ai écrit et performé ici : https://www.dicenaire.com/radioautresauborddumonde . Pour le reste, j’ai écrit et mis en scène une bonne dizaine de spectacles, adultes et enfants. Ma compagnie s’appelle Welcome to Earth. J’ai aussi fait un peu de poésie sonore. Pour l’instant je monte un spectacle pour tous petits qui raconte une amitié entre deux arbres, un petit pin nain et un bouleau. Ça s’appellera sans doute Inséparables. J’accompagne une actrice slameuse qui monte un seule en scène autour de sa grand-mère et de l’avortement. Le titre : Bête d’orage. Je fais partie d’une commission qui octroie des aides à la création aux créateurices jeune public et je lis beaucoup de dossiers d’artistes. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ça me passionne complètement. Lire des dossiers d’intention de spectacles m’intéresse parfois plus que de voir le spectacle lui-même. J’étudie aussi la dramaturgie (mais ne me demandez par contre pas ce que c’est ok ?). Ah oui, je suis belge et je vis à Bruxelles, ville que j’aime entre toutes.

2 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | l’appel du conte”

  1. C’est beau, le texte attrape le lecteur et l’invite dans les effluves d’une magie qui l’enveloppe. Le seul mot de conte révèle une douceur poétique. Laisse-là se déployer. Merci.