#été2023 #01bis | Né adulte

Plus de clavier, plus de bruit de touches, plus d’écran trop lumineux ou pas assez, plus de doigts, plus de mains, plus de bras, plus de toi. Juste le texte, qui avance, qui grossit, qui enfle. Tout seul. Pour t’emmener où tu ne serais jamais allée. Alors tu continues. Plus de froid alors que le soleil est parti, plus de faim, plus de fatigue, juste la page qui se rempli de petites lettres noires, très loin dans le brouillard d’un arrière-plan lointain. Juste le texte, qui avance, qui grossit, qui enfle. Tout seul. Une montagne posée sur la pointe d’un crayon. Alors, tu es allée voir la voisine pour lui dire que tu avais écrit un texte qui n’était pas de toi, un texte devenu adulte tout seul

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

9 commentaires à propos de “#été2023 #01bis | Né adulte”

  1. oh oui, Juliette, bravo !!!
    « plus de toi », « né tout seul », mais il ne serait rien sans toi…
    étrange comme la résonance se fait jour entre tes montagnes et mes bords de mer !
    chacune à sa manière, on enfante à tout âge et de bien des manières 😉 !

    • Oui, résonance, mais tu les connais bien toi aussi les liens entre mer et montagne 😉
      Et pour le texte qui nait, oui aussi, et naissance, aller voir du côté de la maison de mues 😉

  2. Un texte qui n’était pas de toi
    Cette belle sensation quand l’écriture s’empare de nous et nous tient la main.

  3. Tu l’as bien nommée, la sensation, oui, j’ai déjà dit ça : je suis en train d’écrire un roman, plutôt un roman est là en train de s’écrire et moi je tiens le stylo. Souvent, d’ailleurs, pas du tout le truc que je voulais/avais prévu. Mais ça s’écrit tout seul, à cheval donné on ne regarde pas les dents. Et puis, souvent, je laisse passer. Je regarde ça en ruminant, comme une vache, un train. Et je sais que les trains, en fait, il y en a régulièrement, ça m’évite de pleurer sur mon lait renversé, mon propre génie par moi méconnu…