#gestes&usages #01 | la couleur de la pluie

A cause de la couleur translucide, opacifiée de la pluie sur le paysage, on a tendance à se perdre. Et peut-être même à vouloir se perdre, s’évaporer, s’évanouir comme la pluie elle-même, qui semble imbiber le ciel et nimber, puis pénétrer toute surface, glisser dans le sol, disparaître. Se perdre veut dire s’enfoncer dans cette couche diluée, ce camaïeu de vert sombre et de brun terreux, ce lavis qui dissimule sa matière. Mais le soleil finit par tout assécher, hormis ces flaques dans les ornières, les trouées, le terrain accidenté de la forêt, glaiseux par endroit. C’est là qu’il faut sauter.
Quand j’étais petite, c’était à pieds joints, directement dans l’eau, éclaboussure étant synonyme de joie pure. Maintenant, c’est par-dessus, la foulée large qui enjambe, la course continue, qui ne se brise pas à cause de l’obstacle, qui ne se déforme pas, ne s’interrompt pas. Sauter, c’est prendre appui. La flaque est comme un passage de haie,

A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie (https://perlevallens.photo). La poésie se tisse de mots et d’images, les uns nourrissant les autres. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique aux éditions Tarmac, ceux qui m'aiment. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

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