appréhendant la chose l’un et l’autre dès avant l’entrée l’odeur forte d’asperges en boîte comme si dans la voiture déjà dès qu’on y prenait place l’odeur forte d’asperges en boîte était là nous incommodait déjà dès que nous claquions les portières prenant place joyeusement à l’arrière nos jambes nues ballotant dans le vide nos chaussettes blanches ballotant dans le vide l’odeur forte d’asperges en boîte nous revenant alors à l’improviste dès avant que le moteur démarre sans qu’on y pense ou y ait pensé comme si tout le corps ou rien que l’estomac bien avant d’en avoir conscience s’était retourné cul par-dessus tête nous rendant malades l’un et l’autre en raison de n’importe quoi invoquant l’un et l’autre n’importe quoi la chaleur intense de l’été ou nos pieds engoncés dans leurs chaussures noires et vernies hyper rigides ou le manque d’air le simple manque d’air aucune vitre ni à l’avant ni à l’arrière du véhicule ne pouvant être baissée en raison des refroidissements potentiels un refroidissement potentiel même l’été pouvant toujours nous tomber sur le corps sur la tête ou le corps un refroidissement potentiel pouvant toujours nous refroidir éternellement nous emporter ailleurs éternellement un refroidissement potentiel ayant emporté un jour ailleurs éternellement quelqu’un un inconnu un voisin de table à poumons fragiles en pleine fête en plein fastes lors d’un repas de mariage tel que vu et conçu à l’époque les hommes ne quittant tout du long de la fête ni leur cravate invariablement noire ni leur chemise invariablement blanche laissant des fois audacieusement tomber la veste mais pas toujours préférant l’air chic au confort préférant avoir l’air au confort tant il était important à l’époque d’avoir l’air l’idée simple de soulager nos corps soulager nos pieds le temps du trajet ne nous traversant pas ou nous traversant probablement l’idée simple d’ôter nos chaussures noires et vernies d’ôter nos chaussettes ou de baisser la vitre nous traversant probablement mais ne s’imposant pas en raison du fait simple fait que nous étions conscients parfaitement au clair qu’ôter nos chaussures qu’ôter nos chaussettes ou baisser une vitre arrière ou avant ne soulagerait pas n’ôterait aucun poids l’odeur forte d’asperges en boîte étant déjà là dans nos nez bien avant d’être là pour de vrai quand nous passerions la porte entrerions pour de bon dans la petite maison à quatre marches ne ressemblant à rien à aucune chose moderne qui nous tenait à cœur à l’époque ne jurant à l’époque l’un et l’autre que par le moderne exigeant à l’époque des coupes et vêtements modernes des couleurs modernes des matières modernes des sandales en plastique blanc translucide des mêches sur le front et des t-shirts bariolés ne comprenant pas à l’époque pourquoi il nous fallait encore porter tous les dimanches des chaussures vernies noires et rigides laissant des traces sur les linoléums laissant des traces sur les parquets dès que nous déraperions ou nous laisserions aller à des glissades sans fin laissant alors des traces noires partout sur les parquets et les carrelages sur les linoléums passant ensuite nous autres des heures entières à genoux à gommer à la gomme les dégâts les dommages causés dès après le repas dans nos coups de fous disions-nous nos instants de folie aimions-nous à dire nous tenant au loin au plus loin des conversations et des chaises tranquilles tant nous exaspéraient l’hiver les conversations et les chaises tranquilles la cuisine et les chambres à l’étage l’hiver étant inaccessibles ou interdites en raison du froid ultra froid à l’époque pouvant abîmer potentiellement nos poumons potentiellement fragiles ou susceptibles potentiellement de nous emporter éternellement n’importe où éternellement nous demandant l’un l’autre tant que nous étions à la tâche tant que nous gommions les parquets si les vêtements de l’homme et de la femme à force de baigner dans odeur forte d’asperges en boîte étaient imprégnés d’odeur forte d’asperges en boîte à force d’être dans les armoires ou sur le corps des gens dans une maison ne sentant ni le vieux ni le renfermé mais simplement l’asperge en boîte les murs et les armoires dans le salon dans le garage dégageant une odeur forte d’asperges en boîte imprégnant les outils et la voiture imprégnant peut-être aussi le linge et petit linge portés par l’homme et la femme ou parfaitement rangés au cordeau dans les armoires ou garde-robes aucun de nous ne vérifiant n’osant ouvrir à l’improviste en stoemelink les garde-robes et les armoires aucun de nous n’osant porter le nez dans les armoires sur linges et petits linges aucun de nous ne respirant le col ou le cou de l’homme ou de la femme à l’instant fatidique à l’instant d’embrasser l’homme ou la femme sur la joue à l’instant d’entrer dans maison ultra propre et rangée dégageant pourtant au salon comme au garage une odeur forte et prégnante d’asperges en boîte imprégnant fortement les murs et les meubles imprégnant peut-être fortement les vêtements linges et petits linges d’un homme foncièrement bon et d’une femme foncièrement bonne dégageant peut-être on ne l’a jamais su dans le cou une odeur forte d’asperges en boîte de qualité moyenne ou soviétique
On me taxera peut-être de copinage familial mais j’aime beaucoup ! C’est tellement puissant que je voyais presque des personnages dans les blancs. Et puis, placer « en stoemelink » entre deux blancs, ça vaut presque la médaille de l’ordre de Léopold.
haha ! ou un siège dès maintenant à l’académie royale des arts et des lettres ! haha ! avec, en prime, le poste de président de l’affaire ! avec, en prime, 10000 € par mois de revenu non imposable pour « bons et loyaux services » envers la mère patrie ! haha ! vais de ce pas lui transférer l’affaire, à la mère aca ! belle journée à toi, Jér !
j’aime aussi beaucoup et je ne peux être taxée de rien. mais je ne mangerai pas d’asperges à midi, pas avant de m’être débarrassée de cette odeur. merci.
merci du commentaire, Jeanne ! et pas hésiter à manger des asperges même sans être débarrassée de l’odeur : suffit de prendre des asperges qualité supérieure à celle, très moyenne, très « soviétique », évoquée en fin de texte ! hihi ! belle journée à vous !
Au delà de l’asperge, d’autres odeurs possibles,agréables, désagréables selon le souvenir qui s’y mêle, en tous les cas, j’ai aussi aimé ce texte fort intéressant qui me donne vraiment envie aussi de découvrir la proposition 5 🙂
oui oui : regardez/écoutez la proposition 5 : très inspirante (enfin : je trouve) (et merci pour votre lecture)