VENT

Au-dessus du tas d’ordures le ciel bleuit au-delà des blés couchés par le VENT le vieux pommier disperse VENT une douce pluie aux cils suspendue VENT j’apprends à marcher sur le fil tendu VENT entre traces et plissures retirées du VENT entre nuages et brisures VENT à la surface de l’eau VENT épousant entre deux flots les mâtures VENT du ciel azur renoué à l’océan VENT je parle au vieux pommier VENT j’apprends son langage de feuilles de fruits et d’oiseaux VENT dans l’aube où la lumière dissout l’ombre VENT se dilue l’opacité des sentes boisées VENT d’une branche l’arbre me fait signe de le suivre alors je le suis VENT dans un intervalle sans gloire VENT interstice d’écorce et d’humus VENT mon corps se glisse sans difficulté VENT là je demeure et deviens arbre à mon tour VENT la terre est calme alentour VENT l’automne tient en un regard VENT les feuilles des arbres VENT au fil des jours tombent VENT le ventre blanc d’un oiseau VENT tournoie dans le soleil VENT sa peau est si claire VENT se voit au travers la mort VENT le jour qui fragmente la nuit éclaire de l’obscur le confus VENT un mouvement imperceptible VENT sur l’eau calme ondule VENT affleure à la surface VENT la conscience d’avoir vécu VENT l’espace d’une pous­siè­re VENT affleure à la surface la conscience de devoir partir VENT sans avoir le temps de sauver des beautés un ultime moment de grâce.