A propos de Rose-Marie Mattiani

Je tente d'écrire, j'anime des ateliers d’écriture depuis plus de vingt ans, suis aussi élue à culture et au patrimoine à la mairie de la ville où j'habite dans les Pyrénées-Orientales, entre mer et montagnes. J'ai animé des groupes de personnes souffrant d’addictions, des groupes de personnes âgées ou en situation de handicap, des groupes d’enfants, des ateliers dits « d’écriture à dess(e)in ", d'autres "en marchant, en écrivant". J'ai quelques recueils de poésie édités aux Éditions Unicité. Je tâtonne...

P#6 Jours à l’envers

Dimanche                                                                                                                               Les deux assises sur un banc face au port, devant elles passent des touristes, assez peu pour un dimanche. L’une fait remarquer que Port-Vendres est moins fréquentée que les autres villes de la côte. L’autre pointe le fait que ses plages ne sont pas directement accessibles à partir du centre-ville. Elles trouvent, un peu bêtement, que c’est une chance. Continuer la lectureP#6 Jours à l’envers

#P5 / chair adverse

la chair adverse déchiquette ; en elle vacillent radicelles ; l’être l’os tressaille une plainte s’enfuit l’être l’os tressaille frémit dans la nuit fragmentée dénervée là dans la coulure elle sent que cela coule inévitablement   temps et choses deviennent liquides évanouis dans le flou .démembrement. toute eau retenue du corps tout liquide émotion rentrée désincarnée chancelante fragile roseau retourné tremblant dans Continuer la lecture#P5 / chair adverse

#P4 Alors, quoi de neuf ?

Alors, quoi de neuf ? au téléphone, dans la rue, à table, en pleine face, c’est une épidémie, une manie, un gimmick qui les caractérise, eux et leurs tournures de langage propices à les identifier quand bien même elle ne reconnaîtrait pas leurs voix, mais elle les reconnaît, leurs voix, hélas, il y en a même plusieurs qui se dupliquent au Continuer la lecture#P4 Alors, quoi de neuf ?

#P3 Persévérer

La bouche en feu grâce au baiser du piment, certes. Les maux de la Coumbost, expression Adriatique de l’art. Exhalaison méditerranéenne et exaltation du palais et des sens. Maintes tentatives pour reproduire celle de la famille italienne, questionnement des tantes, réunion de conseils épars et contradictoires, du matériel et des ingrédients avec pour unique but : la réussite.  En vain. COMPOSTA Continuer la lecture#P3 Persévérer

#P2 Pousser les murs

Une clé, des clés, celle des songes peut-être ou du paradis, clé de caisse, de secrétaire, de bureau, clé de porte, clé de porte de prison, la clef du coffre-fort et des cœurs, c’est la même selon La Fontaine, il s’agit de bien fermer les cœurs à clé, à la clé, avec la clé, fermer à un, à deux, à Continuer la lecture#P2 Pousser les murs

un espace où s’approprier un corps

dans la chambre où un ruisseau murmure rit pleure se met en colère parfois temps d’ennui lit trop petit au soir de l’écoute des chants du vent dans les grands peupliers yeux grand ouverts dans la mansarde rêver aux aboiements du chien qui ne supporte pas d’être attaché tête qui dodeline au rythme du train puis tombe et réveil en Continuer la lectureun espace où s’approprier un corps

Imprévue !

Je n’étais pas prévue ; j’ai accepté de naître ; j’ai ouvert les yeux ; j’ai essayé de vivre. Conçue pour réparer, longtemps j’ai cru être née par accident. Née pour raccommoder. Née suite à l’accident qui m’a précédée. Drôle de destin. Née pour restaurer, rapiécer, repriser, rafistoler, ravauder une famille. Drôle de ravaudeuse, née tordue, mal foutue, non conforme. J’ai refusé le Continuer la lectureImprévue !

elle fenêtres

et si c’était ça, si c’était toujours comme ça, cette impuissance à atteindre le fenestron parce qu’il est trop haut et elle trop petite, cette idée l’affole, elle sait que derrière il y a le ciel, l’espace, la montagnes et les arbres, elle les entend frémir dans le vent qui se lève, elle les entend gémir avant l’orage, frissonner alors Continuer la lectureelle fenêtres

Bleu de ciel

en multipliant         les points de vue         s’en libérer         par un appel d’air                   répéter à l’infini        une litanie          une blessure qui ne guérit         jamais         écrire, oui         pages         imbibées de ciel bleu         comme si le bleu du ciel         tombait                  de votre poche         comme ce        bleu de ciel                 l’offrir        ce bleu de Continuer la lectureBleu de ciel

Le mur d’en face

Recouvert d’une teinte tirant vers le jaune, couleur ordinaire, communale, l’impersonnel de sa peau ne heurte aucun regard. L’œil la parcourt sans intention aucune, machinalement, s’il n’avait décidé de s’y arrêter le temps d’une observation plus précise. Le mur d’en face comme rencontre entre éloignement et séparation. Essayer de le dire, c’est accepter de se heurter au barrage qu’il impose Continuer la lectureLe mur d’en face