volubilis

Un fil électrique couleur cuivre s’introduit dans la deuxième tige et arrive probablement jusqu’au culot où l’on a introduit l’ampoule ordinaire. Çà doit être un culot à baïonnette puisque l’éclairage fonctionne.

Le volubilis herbacé – annuelle de la famille des convolvulaeae, originaire du Mexique, végétation exubérante, grandes fleurs en entonnoir.

Nom scientifique : ipomoea purpurea (ipomée)

sous-classe : asteridae

sous-règne : tracheobiontos

ordre : solanales

Volubilis : Plante grimpante

Ipomée du Nil – A la Réunion : liane cochon ou patate – marronne – espèce envahissante – ralentit la pousse de la canne.

Liseron bleu – très lumineuse

La fleur du volubilis ne s’est pas ouverte aujourd’hui. Peut-être demain. Celle d’hier a fané. Elle a changé de couleur. Mauve violette elle s’est rétrécie en un relativement long cornet étroit avec, au bout, un étrange petit bourrelet à cinq pattes se recourbant vers l’intérieur, entre deux pattes, du pétale finement froissé. Il faut y regarder à deux fois pour s’en rendre compte. Métamorphose de la fleur en cornet sans vraiment faner. La fleur du volubilis est une transformiste.

J’attends avec impatience qu’une fleur de volubilis s’ouvre. Tout-à-coup, cette clarté bleue qui jaillit.

J’attends la beauté de cette fleur. Plusieurs boutons sont là. A demain matin à l’aube.

Le matin, lever à cinq heures. Pas de fleur éclose. Le bouton long et fin, élégant, n’est pas arrivé à maturité ou alors, il est trop tôt ! Peut-être demain !

Il faudrait qu’on se coordonne, le volubilis et moi.

On peut parler du volubilis n’importe où. Alors, j’en parle de la table du café où je me suis réfugiée dans la zone commerciale immense et vide à huit heure. Les magasins n’ouvrent qu’à dix heures. Il est huit heure. En bruit de fond, le roulement incessant des voitures. Il pourrait pousser ici, aux abords de ce café si on n’y avait pas planté des bambous bien alignés. En face, les collines de saint Marcel. Le lieu est étiqueté « le Rond-Point ». Le soleil se lève. On est à l’est de Marseille, là où les tribus autochtones avaient leur oppidum.

D’où vient ce nom : volubilis? De l’antiquité ? Des gaulois ? Des égyptiens ? Il apporte avec lui quelque chose de doux, quelque chose qui glisse, des volutes, des courbes, des circonvolutions, il s’ enroule, se déploie, rend beau un mur banal, une élégance discrète bien que très bleue, aérienne.

Volubilis – site archéologique au nord du Maroc – imposantes ruines romaines – temple – thermes – arc de Caracalla..etc…Dic. Larousse, photo arc de triomphe 217 ap. JC – à l’extrémité voie Ecumanus Maximus. Figure dans la partie historique et géographique du Petit Larousse Illustré de 1988 dont le premier article est : « à la recherche du temps perdu ».

Le substantif volubilis n’existe pas. Le terme a été créé par les botanistes pour désigner le liseron des haies vers 1500, attribué à l’Ipomée ornementale originaire d’Amérique du Sud en 1872.

Du latin volubilis masculin : qui s’enroule aisément.

La fleur de volubilis est un bouton long et fin, légèrement renflé, un peu violet, un peu rose, comme turgescent

Il se resserre en vrille de sorte qu’on sait qu’il va activer très vite ses palles pour devenir instantanément cette fleur bleu vif, mi-dure mi-tendre.

Il y a une phase où les pétales sont encore un peu vrillées, la bordure des pétales virevoltante, la fleur en habit de flamenco. Cinq minutes après, elle est ouverte, les pétales de fine peau tendue. On dirait un petit abat-jour avec, comme ampoule un fin pistil blanc lumineux tout au fond du cornet bleu vif et légèrement translucide, dont une frise mauve ponctue chaque pétale. Une lampe éclairée.

Je pense au cornet des très anciens gramophones qui illustraient les annonces de « La voix de son maître » avec le petit chien. La fleur de volubilis, elle, est tout-à-fait silencieuse, si fascinante, séduisante, enveloppante, que je n’en peux plus détacher mon regard et qu’il faut qu’elle meure pour me délivrer.

Ipomée, piège à pensées, soleil bleu, sainte-nitouche.

Volubilis : les labiales de volubilis glissent dans la bouche, virevoltent autour de la langue, s’enroulent autour d’un gros O, se propulsent avec les i, continuant sans cesse et très vite leur course mystérieuse sur le mur, écrivant toujours le même mot et différemment avec leur flagelle vibrant, s’insinuant : volubilis volubilis volubilis.

A propos de Marie Barthélémy

J'anime des ateliers d'écriture à Marseille pour un public classique et aussi à la Friche-Belle-de-Mai pour des personnes désirant apprendre à écrire la langue française

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