2020.03.12 | mauvais côté du cimetière
Chaque rencontre avec l’oeuvre de Germaine Richier, c’est une sorte de tremblement et plénitude. Cette force dans l’obscur, qui nous renvoie si intimement à notre être au monde. Une fois, à la fondation Maeght, la chance qu’ils aient sorti ses bronzes de leurs réserves : y suis retourné plusieurs fois, ne les ai jamais revus. Sinon, dispersé, comme le jeu de piste qu’on doit faire aux US pour retrouver Sheeler. Et puis là, Fontevraud, ouverte il y a un an, la collection Cligman. Quel choc, et quelle harmonie aussi. Mais sûr que si j’avais eu écho ou rumeur de la place qu’y tient Germaine Richier, n’aurais pas attendu un an pour y venir. Sauf que : l’hiver 2012, il y a donc 10 ans exactement, c’est exactement dans cette salle, alors laissée à son statut d’écurie, que dans la grande cour d’honneur, vaguement aménagé en salles pédagogiques, Emmanuel Morin nous avait installés, Claude Ponti et moi (pour simplifier, les gamins nous appelaient tous deux Claude François). Alors aujourd’hui, hissé là par l’art de Richier, c’est du visage des gamins du foyer des Tourelles, à Saumur, dont je me souviens. Adultes, maintenant : il en est resté trace ? Sur le site oui, des traces quand même : ici (laissez votre appareil numérique aux enfants), ou ici (nos maisons à cuire), ou tiens la maison des oeufs, ou tiens, la maman rien, ou cet homme enfermé, ou Claude au boulot.... J’en avais pris bien d’autres, des photos — le petit Canon G12 n’y avait pas survécu –- mais pas possible de publier vraiment, enfants sous protection judiciaire et c’est une des expériences les plus singulières qu’il m’ait été donné de vivre, comment en aurait-il été autrement avec Claude Ponti ? N’empêche, tout le temps de se confronter à l’Ouragane de Germaine Richier, c’est à cela que je pensais, aussi.
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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 février 2023
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