#40jours #25 | le visiteur du lendemain

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

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#40 jours #25 | le visiteur du lendemain


Une proposition qui sera une excursion hors du champ littéraire, encore que... Souvenir de cette phrase des Choses vues de Victor Hugo : à cinquante mètres des barricades de 1830 et leurs morts, une rue toute calme et paisible où chacun vaque sans aucun trouble.

Reste un ancrage double et profond : nous travaillons en permanence sur l’ordinaire, voire — ce beau mot de Perec — l’infra-ordinaire. La singularité qui déchire, le fait divers, l’accident ou n’importe quoi bascule ne fait pas vraiment bon ménage avec le récit littéraire, même si bien sûr chacun·e pourra faire la liste de ses exceptions. Tenez, l’irruption de la Première Guerre mondiale à la toute fin de La montagne magique de Thomas Mann. Ou, en écho à celle récemment devenue accessible de Guerre, la scène d’ouverture de Voyage au bout de la nuit. Nous, littéraires, habitons plutôt à jamais le Waterloo tel que reçu subjectivement par Fabrice del Dongo, scène majeure.

Double versant de l’ancrage, puisqu’aujourd’hui l’incident va précisément fissurer ou éblouir le fragment urbain que nous aurons choisi pour scène narrative : eh bien, attendez la 26, dès demain ? Aucune ironie, l’envie de jouer en deux temps.

C’est une expérience menée par un photographe, je m’honore de son amitié, mais c’est enraciné dans ces sommes d’expériences artistiques singulières que chacun emporte pour construire obscurément son propre paysage, et qui restent latentes en vous, sans en jamais partir.

Vous trouverez sur la page abonné un PDF Portfolio reprenant le parcours de Bruno (ou via sa page sur site de la galerie Air de Paris).

D’octobre 1993 à avril 1995, soit dix-huit mois, Bruno Serralongue parcourt un quotidien régional de la ville où alors il réside : Nice Matin. À cinquante-et-une reprises, il se rend sur les lieux d’un fait divers dont il est rendu compte dans le journal.

À quatre exceptions près, alors que rien de plus facile que retrouver le cadre exact du fait divers, aucune trace.

Et c’est cette absence de trace qu’il photographie : non pas en tant que trace manquante, mais en tant que l’arbitraire du réel le plus ordinaire, où rien ne prévient d’aucune tragédie possible, et la tragédie même ne laissera pas marque visible.

En faire, chacun·e d’entre nous, l’inventaire de ce que nous en portons ? Et faire récit, sans mention du fait divers (tenez, rappelez-vous les exercices de John Gardner dans The art of fiction... relisez-les ici, notamment les 4b, 4c, 4d –- et si vous ne connaissez pas, rien ne vous empêche de les tenter, dans notre cycle outils du roman).

Sur la question du fait divers, je parle aussi du livre Elle regarde passer les gens d’Anne-James Chaton, voir l’exercice elle + elle +elle et liens vers ses vidéo-performances.

Une aide ou astuce ? Ne vous pensez pas dans l’écriture. Prenez vraiment la place de Bruno Serralongue, il ne nous en voudra pas (à trente ans près !), intégrez le trajet, faites photographiquement le voyage.

Et à demain pour un rebond sur ce même réel convoqué, exhaussé, éclairé comme par l’éphémère d’une foudre, ce qu’est le moindre fait divers.

Bonnes écritures donc.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 juillet 2022
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