#00 | double zéro | prologue atelier d’été

j’avais pris l’habitude d’écrire avec cette chanson (lamentation oiseau) interprétée par Moondog (lune chien) et je reprends le collier (entre le journal et le carnet, je ne suis pas sorti de l’ornière) le joug le poids et la contenance

d’abord c’est l’amour – d’abord et avant tout – probablement l’amour, le héros tient sur son cheval d’une assiette parfaite – il me semble me souvenir qu’il porte le grade de lieutenant – il a été muté ici là ailleurs – il a les faveurs de l’administration militaire, par son père – les liens familiaux viennent ensuite, oui, il va ici là ailleurs mais ce qui fait avancer le truc, c’est l’amour – il avance dans la forêt, le Jura, les Vosges, que sais-je il a un rendez-vous (toujours cette chanson, toujours la même chanson) – c’est un sous-bois c’est l’automne, les feuilles sont à l’orange, le prestige à l’uniforme – c’était après avoir commencé à lire et à aimer cet auteur (c’est un garçon, pseudonyme), ses deux libres autobiographies – après m’être senti d’accord avec lui sur l’existence essentielle pour quiconque du paysage, et d’un paysage : le sien propre – j’avais vingt ans et c’est le plus bel âge de la vie (comme tous les autres, c’est elle qui est belle et d’ailleurs il la rejoint) – le livre est épais, le livre traîne magnifiquement majestueusement on pourrait dire s’il fallait – tu sais quand ton cœur bat, bientôt la revoir, tu l’entends qui est là, je me demande s’il l’aime vraiment (aime-t-on jamais vraiment ?) ou s’il se leurre pour éprouver encore cette sensation, ce sentiment, ce penchant – c’est un type de vingt-cinq ans tout au plus, il y aura la guerre bientôt, certainement – je ne suis pas certain de savoir si elle sera au rendez-vous (viennent ici le banquier et sa femme, son épouse ou son amante) – mais lui sera là, vers cinq heures comme Cléo (j’ai tant aimé Cléo, bien sûr parce qu’elle chante, par ce qu’elle chante, mais aussi pour cette liberté dans les rues) – son cheval est bais, son uniforme clinquant, dans la forêt sous les bois et les feuilles – le jour qui finira bientôt

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

10 commentaires à propos de “#00 | double zéro | prologue atelier d’été”

  1. « se leurrer pour éprouver encore » … est-ce qu’en lisant en éprouvant dans la lecture on se leurre pour

  2. On oscille avec le narrateur de l’assiette élégante du cavalier aux balbutiements du narrateur amoureux, et on te suit sur le chemin (forestier) au son des voix (du passé) qui t’ (nous) accompagne.
    Bonne suite,
    Cat

  3. Beau contrepoint entre sentiments et questionnements, comme alternance de voix chantée et voix parlée (et merci pour Cléo)

  4. avant d’abandonner pour ce soir les lectures à partir du premier prologue (en ne laissant plus trace de mon passage ou rarement parce que ça abime le texte) n’ai pu résister à venir vous lire (puisqu’ayant eu la gentillesse de passer sur mon bidule vous aviez certainement écrit) et voilà que je souris, savoure ce que les commentaires ont relevé et pas que… sans rien trouver à dire (juste : j’aimerais être Christine)