#enfances #07 | jeux

c’était arrivé et les années passaient – les prédictions plus ou moins malhabiles malheureuses mal informées ou simplement sans objet, je n’ai jamais su, des médecins s’étaient trouvées comme des inutiles augures, il vivait et les années passaient, il fallait se soigner et consulter, c’est vrai mais il vivait – et les enfants grandissaient, les anniversaires se passaient – comme les filles étaient nées presque à Noël, il y avait un groupement, on faisait un lot un petit cadeau le vingt et un plus gros cinq jours après – elles n’aimaient pas ça – les garçons n’avaient pas l’air de s’en inquiéter, il y avait les cadeaux de l’entreprise qu’on choisissait vers mai, il y avait ceux qu’on achetait à l’épicerie d’en face sur catalogue aussi, une espèce de fête on y avait droit, mais j’avais dans le souvenir les années d’avant-guerre – il y avait cette histoire d’unique cadeau : une orange – il y avait au rez-de-chaussée de la maison un gros pot en céramique dans les jaune marron vert, un cache-pot magnifique arrondi rebondi, la base était ronde, je m’en suis séparée ici, il y a tant de choses que je n’ai pas pu sauver – une année on y mit le sapin de Noël, il y avait un sapin – drôle d’idée pour se rendre compte qu’on appartient à quelque chose – la maison, ensuite, il fallait s’en aller – mais bien sûr ces cadeaux oui, les déguisements Roy Rodgers et Josh Randall, Invanhoé ou ce genre de foutaises qui venaient directement de la télévision – le capitaine Troy et son rafiot – le Kon-tiky tu te souviens ? les enfants adoraient ça, surtout le petit, nous n’allions pas les priver – les petits chimistes les trains électriques les circuits vingt-quatre mécano modèles réduits planeurs à confectionner soi-même – il y avait ce type Robert Stack dans le poste, qui referait surface en étant saoul au dernier degré et ce sera écrit sur du vent – les images et les couleurs – je ne sais plus, pour son anniversaire, l’aîné a eu une petite caméra le bouton que remontait le ressort était arrondi, je m’en souviens comme d’hier, il y avait une petite étiquette d’aluminium marron où s’écrivait la marque, une foultitude de petits poussoirs de réglages de ceci ou cela, ça ne m’intéresse pas, l’aîné lui, oui, beaucoup – faire du cinéma, oui, raconter des histoires, il y a toujours eu cette maladresse « ne pas faire d’histoire », « arrête ton cinéma », prendre des risques, mentir éhontément, être démasqué, encore aujourd’hui qu’elle est partie, loin de tout, dans un grand trou comme disent si justement les enfants, toujours cette tendance, cette nuance, cet effet, toujours et ces choses disparues – c’était un petit objet, la pellicule faisait huit millimètres de large, plus petit côté, l’image plus petite encore, on n’enregistrait pas le son, il fallait la remonter, appuyer sur le petit bouton juste au dessus (ou au dessous ? Je ne sais plus je ne m’en suis jamais servi) de l’objectif, la prendre à pleine main et affermir avec la poignée de cuir dans le bas du frigo on mettait les boites de pellicule jaune – il a certainement fait des films avec mais je n’en ai aucun souvenir

surtout le bouton remontoir petit bazar basculant - pas certain de la nécessité de l'image mais après pourquoi pas ? il n'y avait pas de développements, pas de prises de vue - pas de mise en scène -plus tard viendrait un projecteur - ce n'était pas à moi non plus que pour moi -je suivais 

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end