#voyages #08 | reconstitution  Bibi Fricotin au Mizoram  

Nos chemins se séparent là – Roissy – moi direction Genève, lui une bulle pour New-Delhi- Il a pris sa petite caméra bien décidé à retrouver la trace de la tribu perdue d’Israël la douzième, celle de Manassé, après une traversée de la Chine –  un désert,  symbole de liberté, j’en rêve devant la cheminée dans mon petit chalet –  aimerait-il troquer sa Sony contre une paire de skis ? – Riche de ses certitudes, il s’embarque. Delhi sa pollution légendaire – Un bordel sans nom, – des talus à mariages multiples – les voitures entre les vaches ou peut-être l’inverse, allez savoir dans ce brouillard qui enflamme la gorge et brûle les yeux – Pourquoi pas un fort rouge genre de théâtre de l’illusion, la lévitation nous happe et nous élève au-dessus de la misère rampante et galopante – c’est certain il est passé par Connaught Place, démesurée, avec ses « tailors » sur mesure –  pour des chemises aux reflets de miroirs qui servent de cataphotes – dix inches de soie pour sa R. – Ne pas perdre son objectif propre et figuré – convoyer jusqu’à Calcutta – la gare, une fourmilière désorganisée, tout est question de chance, le train, la vapeur, l’heure du départ, la destination, la place, assise, debout, couchette et aussi les co-voyageurs – La bonne recette : se laisser conduire, un continuum – tenir le cap et croire en sa bonne étoile de David… – L’inattendu le confondra –  Chemin faisant , Calcutta impose une approche sans précipitation – les rencontres s’installent tant que défilent les paysages –-des mizos dans le compartiment l’invitent  à partager un pic-nic – carry et crêpes diverses mélange de farines de haricots, de grains fermentés – le voilà les doigts dans la sauce, comme il aime prendre la vie à pleines mains – plus besoin de mots, le partage est ailleurs – il ne sortira pas sa caméra, ces instants ne se fixent pas, pas de production ni de reproduction, pas de futur, juste maintenant – une adresse d’hôtel en poche le voilà  sur la case départ – chasse au trésor – les mizos s’y retrouvent – Mizoram, état rebelle et fermé – crainte des envahisseurs, tous ces millions de sous-continentaux – recherche d’un sauf-conduit, il doit y entrer – une force invisible le guide –  contact inopiné et inespéré avec le premier ministre de cet état semi-indépendant du nord-est bordé par le Bengladesh et la Birmanie – rendez-vous pris à la maison du Mizoram pour un surlendemain décisif –  un avion proche du « coucou » s’envole pour Aizawl  – reçu comme un prince par le délégué chargé de la communication du premier ministre et accompagné dans une guest house sur pilotis – synchronicité parfaite, rien du contrôle, laisser l’évidence se manifester – rendez-vous pris avec Gideon  le chantre,  Samuel le président de la communauté juive et professeur d’anglais et Zaï Thanshungui, juive de religion chrétienne le voilà au cœur de l’histoire – Interview du premier ministre, il explique clairement les concordance de rites mizo et juifs, de mots hébreu, évoque le passage de la Mer rouge – alors que je creuse pour trouver mes racines, il  les trouve à des milliers de kilomètres pour me les offrir…  Ainsi il tourne des images de cérémonies du Shabbat, de danses des bâtons, mélanges étonnants d’hébreu, de mizo, de visages aux yeux bridés, proches des mongols –  plus incroyable encore dans l’église les paroissiens de confession chrétienne – catholiques, protestants confondus –  revendiquent leur appartenance au peuple juif – comment mieux illustrer cette universalité qui embrasse tout et ne rejette rien –  cinq jours d’une telle fulgurance repousse les limites de la réalité aux portes de la fiction – L’Assam et la nuit de Noël l’attendent sur le Gange, une nuit de pêche pour rappeler le miracle de Jésus qui sait ? –  juif et nouveau testament ? – retour à Calcutta au détour d’une rue la synagogue pour boucler la boucle, mais impossible de la visiter sans autorisation –  la demander au plus important pâtissier de Calcutta, représentant de la communauté juive –  savoir s’arrêter – à être trop gourmand on en perd les saveurs – Calcutta oh Calcutta Louis Malle a étalé sa pauvreté et Bibi Fricotin pourrait en évoquer les richesses , restaurants, palais, terrains de polo, et les pâtisseries dont je me délecterai à son retour.