#40 jours 04 | mémoire sans hauteur

regarder à terre parce qu’il y a trop à voir à hauteur des visages et encore plus en allant vers le ciel, au moment de l’adieu qui arrive, reviendrait peut-être ceci qui ne revient pas dans les rêves, ceci des années lointaines du pays de ta langue dans la ville des ruines, en commençant par la fin les racines soulevant la chaussée, attention racines affleurantes, c’est écrit sans rire, le revêtement craquelé comme la croute du pain gonflé, le pied trébuche comme sur un pavé inégal, ici les pavés ne sont pas rares, même s’ils ne sont jamais soulevés, dans la nuit les poussettes des nourrissons les parcourent pour les bercer, il y a même un métier, le selciarolo qui avec un marteau tape doucement pour installer le pavé sur le sable et dessine de cercles concentriques, les pavés sont ternes souvent, ils devraient être lisses, toucher gras disait ève, la professeure de géologie, mon doigt passait sur l’échantillon rêveur, à l’école des mines, n’y être pas descendu, puis les dalles des voies consulaires immobiles depuis deux mille ans, vastes et les deux pieds s’y arrêtent, le corps se redresse, chercher les dessins dans les raccords de bitume, langues, île comme on regarde les nuages, en bas de l’obélisque fasciste, les plaques de marbre fendues, cassées proposent des énigmes à l’attente, cherchant la lettre y, quelques pas plus loin la mosaïque se délitant, se baisser ramasser une tesselle blanche ou noire, la mettre dans la poche en se sentant complice du temps, ou bien dans les villes qui avaient été sorties du sables ou des cendres, le pas sur l’herbe puis le suivant sur la figure du monstre marin, ou des lettres d’un mot inaccessible, le marbre si souvent là, même dans les entrées et les escaliers des immeubles populaires, une théorie de noms, provenance des provinces lointaines de l’empire, jusqu’aux pavements cosmatesques, si chers à la sœur, dans les bars, parfois comme dans les romans, la sciure arrêtant les pieds, ou bien les plaques des égouts souvent venues des aciéries de l’enfance, la poussière sous les pieds, les pollens des peupliers comme neige sur les trottoirs, dans les parcs, la terre sèche, presque rouge ou orange, les aiguilles de pin sous les pieds, piquant et faisant tapis alors que l’enfance était dans celle de l’humus toujours humide, désirant et sombre jusqu’au cœur de l’été, couché dans l’herbe sèche les corolles des pins parasols étaient un tapis sur le ciel, le livre lu alors, qui dans la splendeur, semblait se livrer avait pour titre la dissémination

A propos de Tristan Mat

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