#40 jours #07 | espaces épais

Eventrer la Terre —tout de suite les grands maux, les gros mots— c’est un crime humain que l’humain prémédite. Il l’accomplit et s’en réjouit. Pour en tirer des silex au néolithique. Pour en tirer profits ensuite, du sel, du cuivre, de l’or, du sang, des larmes, des places de parking, des métaux rares —et les égouts, le métro, les réseaux, les zones commerciales, c’est quand même pas des crimes contre l’humanité— Il y a des génies dans le GECUS (Groupe d’études et de coordination de l’urbanisme souterrain) et chez les encyclopédistes du monde souterrain. Je m’en souviens bien parce que la première édition du « Que sais-je ? » sur L’Urbanisme souterrain a le même âge que moi. A présent, ils parlent de villes intérieures, de villes épaisses. Certains assurent aujourd’hui que la qualité de ces espaces épais […] s’évalue essentiellement à l’épreuve du corps en mouvement. L’un de mes ancêtres était cheval, il y a longtemps, en Pologne à Wieliczka. Cette mine de sel est tellement grande, plus de 300 kilomètres de galeries sur neuf niveaux, que les mineurs devaient rester au moins 24 heures sans ressortir. Ils avaient même sous terre une chapelle pour prier, deux fois plus grande que la Sainte Chapelle de Paris. Les chevaux, eux, pouvaient rester des décennies sans revoir le jour.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

7 commentaires à propos de “#40 jours #07 | espaces épais”

  1. ça me fait penser aux souterrains et dédales de l’usine d’Azovstal à Marioupol.
    Combien de kilomètres de galeries, de niveaux, combien de temps les hommes, les femmes, les enfants, les chats… ont-il pu y rester avant d’en être extraits par l’armée russe? quel dieu y ont-ils prié? quelles pertes y ont-ils pleurées?