#40jours #08 | arrêt Cambon

Entrée de Lyon côté Bron

On passe la grille verte à commande électronique, en voiture, mais à vélo , trottinette, skate…ou à pied le portillon qui est vert épinard ou sapin, lui aussi- On peut franchir ce dernier avec le badge ,ou un code confidentiel que plusieurs dizaines d’habitants connaissent, son ressort est un peu désinvolte- il claque facilement si on ne le retient pas – grille urbaine coulissante , poussive et sans charme, on ne lui demande rien d’autre que d’empêcher le vol ou les dégradations des véhicules- On émarge en périphérie dite « sensible » reste à comprendre pourquoi.

Salle de réception fêtes orientales XXXL

L’avenue sépare l’arrondissement de la banlieue, une manie dans ce coin de distinguer un versant nord et un versant sud pour quadriller et hiérarchiser plus facilement les habitations sur la carte.Les démolitions se font toujours et de plus en plus vers le sud au profit de constructions nouvelles à la fois commerciales; résidentielles et sociales. Bon nombre de villas individuelles sont rachetées par des promoteurs pour ériger des immeubles à rendement … Le processus s’est accéléré depuis la fin des confinements. L’habitat pousse comme des grappes de champignon… Le vieux mythe de la Cité idéale en prend du plomb dans l’aile mais il est réactivé dans chaque projet. Sans compter l’intérêt de pousser la ville jusqu’à ce qu’elle épouse sans consentement les communes limitrophes Vénissieux et Bron dont les impôts sont différentiels et répartis politiquement… Les enjeux sont énormes et la spéculation aussi…

-il faut loger les gens !

– oui mais quels gens ?

Démolition LYON 8°
Forte descente
Adresse à oublier

Devant l’arrêt de Bus Cambon, un abribus, il y a le panneau LYON , 800 mètres plus tard sur la gauche, il y a le panneau Vénissieux avec des décorations florales aguichantes et des informations qu’on ne lit jamais. En face on remonte le majestueux Boulevard des Etats-Unis,et sa largeur imposante, le magnifique Musée à Ciel Ouvert de la cité ouvrière Tony GARNIER ,laissant passer le tramway tant attendu (et contesté) reliant deux centre villes aux populations on s’en doute, très différentes

. Mais à l’arrêt Cambon on voit monter ou descendre presque personnne … Il est en bout de desserte, l’avenue s’emberlificote en des rampes d »accès à IKEA et LEROY MERLIN nouveaux venus dans le quartier, le transformant radicalement. Il n’y a pas si longtemps, il y avait un immense champ de maïs, sorte d’île incongrue entre le périphérique sud et la grosse ville coulante et collante comme un camembert oublié.

Arrêt Cambon côté Vénissieux
Arrêt Cambon côté 8eme arrondissement de Lyon

L’arrêt CAMBON existe depuis des lustres. Il sert à faire monter des passagers qui vont jusqu’à Bellecour au Centre Ville. On peut aussi prendre un autre bus, de l’autre côté de la résidence, au nord, il va jusqu’à la Part Dieu. Arrêt Bourdarias, il y a plus de monde, parce qu’il y a des magasins autour, ils s’égrennent irrégulièrement à cause du Stade de Rugby qui distend laidement le paysage et oblige à marcher au soleil devant des palissades austères en ciment. . Mais remplacer une pharmacie par un restau rapide à denrées bourratives n’est pas très judicieux. Le Tram prend un tout autre chemin , il sinue fièrement , malgré les angles qu’il cherche à arrondir sans y parvenir, il n’a rien d’un tortillard. Le métroi n’étant pas loin, on se demande si l’arrêt CAMBON qui n’est pas l’arrêt CAMBRONNE ne disparaitre pas un jour prochain brutalement, on le remplacera peut-être par autre chose, une station vélov, on ne sait pas. Pour aller au bout de la ligne de bus , ce serait facile, mais nous ne prenons plus le bus, ni le tram, ni le métro depuis des lustres, leurs mouvements sont trop brutaux et leur contenu trop escagassé… Les transports en commiun ne sont pas faits pour les seniors instables sur leurs guibolles et la tête maussade des gens est tellement dupliquée qu’on hésite entre leur sauter au cou ou birn à leur tendre l’oreillette, et même le livre qu’on tient dans une main pendant que l’autre s’accroche aux rembardes et aux potences à chaque coup de frein. On devrait prendre le temps d’arpenter la ville à pied avec un âne, kilomètre après kilomètre, d’ essayer de sourire ou de parler aux gens avec une botte de carottes à la main. On ne sait pas faire cela. Heureusement, il y a les enfants qui ouvrent les yeux grands comme des soucoupes et qui vous sourient en douce. On dit : Chut ! Sans que cela se remarque…on fait une grimace… C’est furtif, c’est idiot, c’est toujours çà de pris dans la morosité ambiante Non, vraiment , pardonnez-nous, on n’ a vraiment pas envie à nos âges d’aller jusqu’au Terminus pour le plaisir d’aller voir passer les trottinettes, les les bolides en rollers, les vélos, et les autos, au coude-à-coude et queue leu leu dans les carrefours. La ville nous avale trop fort et la décrire, même en kit nous donne des envies de retrait sur le Mont Athos où il y a au moins des nuages à contempler.

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.