#40jours #08 | 35 allers-retours en 1 année.

Gare de Fontainebleau

Longues rangées de sièges grises, longues rangées de sièges grises, longues rangées de sièges grises, face aux rails vides qui attendent le plein, qui attendent le train. 40 minutes de train, 5 euros l’aller pour Paris, sièges gris et moquette rose et violette. Vue imprenable sur les villes du sud de Paris, Bois le roi, Melun et j’en passe. Pareilles aux vaches qui regardent passer le train, nous attendons, nous, l’extraordinaire dans l’ordinaire. En hauteur, écrans vidéo tous les 200 mètres, indiquant les heures de départs, les retards et les canular. La voix dans le haut parleur : « ce train a pour destination Paris Gare de Lyon ». Quai gris, ronds de cercles anti covidés gris, poteaux gris, toilettes grises, panneaux d’affichages gris, distributeur de boissons et bonbons gris avec un peu de rouge. Cailloux sur les rails pour ne pas se perdre et rentrer chez soi si le loup ne les mangent pas. Entrées sur le quai par des portes électroniques, vitres pas blindés mais presque, tickets à présenter, plus de possibilité de tricher. Le gris est entouré du vert de la forêt. Respire…

Entrée et sortie de Paris gare de Lyon

Premiers immeubles, trains abandonnés sur les voies, premiers bureaux, premiers appartements donnant sur les voies, premiers graffitis, l’hôtel Claret 3 étoiles, train Suisse Lausanne à quai, militaires armés, travaux qui ne cessent d’augmenter – « Terminus Gare de Lyon, tous les voyageurs descendent de voiture, Transilien vous souhaite une bonne journée ». Cohue vers les sorties du train, bousculade le long du quai voie M ou L du Hall 1. Direction les toilettes de la gare (1 euros), 1 euros pour faire pipi, c’est le luxe de Paris. Gare ronde, non pas ronde, mais fenêtres rondes, grand escalier, menant là-haut vers le train bleu, thés et chocolats dans de grands fauteuils en cuir, pour rendez-vous d’affaires ou amours cachés. Profusion de devantures et magasins de consommation : Aux merveilleux de chez Fred, Nespresso, Pierre Bergé, Relais, Fnac, etc. en attendant le voyage qui va arriver. Profusion de gens assis, debout, embrassades, cris, regrets, adieux, retrouvailles, cafés noirs, cafés au lait, sandwichs dans sacs en papier, portables allumés, tickets brandis, valises, effervescence, vie.

Traversée à grandes enjambées de ce raz de marée et arrivée sur le parvis dehors. Impression de rondeur, arc de cercle, d’immeubles, hôtels, bureaux, arc de cercle. Je domine du bord de la ville où tout est encore possible. Hôtel Mercure, hôtel gare de Lyon, pizza, bistrot à gauche, café restau l’Européen, Aux cadrans où le petit blanc est délicieux et le chocolat liégeois aussi, pharmacie à l’angle, BNP Paribas, CA et la banque postale, l’embarras du choix. 2 voies de bus 91 et 61, et vélos, vélib, trottinettes, taxis, voitures et piétons pressés. Aujourd’hui c’est la fournaise. Bouches de métro ouvertes, invitations au souterrain. Longue avenue vers Bastille, robes d’été volantes, sandalettes et chapeaux, aujourd’hui, c’est la fournaise, valises à roulettes, senteurs de sueurs et de parfum mélangés, pressés d’arriver à temps, d’attraper le train, de quitter la capitale, d’y revenir gaiement. Bus 61 Eglise de Pantin, c’est le mien.

Gare de Marseille

« Marseille Saint Charles Terminus – Veillez à n’avoir rien oublié, valises, masques, portables, belle-mère, un oubli dans le train nous amène à des complications que vous ne soupçonnez pas. Oubliez donc plutôt votre belle-mère que votre sac à main, c’est moins risqué ». Arrivée dans le Sud. Esplanade du square Narvick, la lumière, le soleil, le grand escalier descendant vers le port, l’hôtel Ibis sur la gauche, les bancs et panneaux d’affichages sur la droite, la vue de Notre dame de la mer dominant la ville grouillante. Sensation de grandeur. Doit-on descendre ? Et si on restait là, juste à contempler, contempler les marches qui n’en finissent pas, contempler la longue avenue dont on ne voit pas le bout, contempler le ciel à perte de vue, contempler la promesse de cette ville au bord de l’eau, contempler le brouhaha que l’on devine déjà. Et si on ne descendait pas ?

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

2 commentaires à propos de “#40jours #08 | 35 allers-retours en 1 année.”

  1. Je viens de me faire un Fontainebleau-Marseille sans passer par la case oui-sncf. Je me suis bien retrouvée à la gare de lyon qui est mon terminus quand je viens à Paris. Merci Clarence