#40jours #24 | au radar

Tout ce qui est en haut est en bas et réciproquement la vieille phrase. On le voit de loin, celui d’ici et celui d’avant. Radar. Mais que voit-on à partir de lui ? Ce qui est tout autour ce qu’il est ce qu’il rappelle ce à quoi il renvoie. Et d’abord physiquement à deux endroits. Trois en considérant que ta mémoire est un endroit. Commencer par le premier radar, vérifier. Dans la barre, un nom de lieu. Sud de Paris Beaucoup d’informations, liste de radars de toutes sortes mais c’est celui-là qui t’intéresse, dans le compte rendu du conseil de quartier du Plateau.  2017 : le nouveau radar est en service, une inauguration officielle est prévue le 04 juillet. Pas d’information concernant l’extinction du radar de la Ferme des Granges à Palaiseau, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) n‘a pas communiqué sur ce sujet. Il est possible qu’il y ait un co-fonctionnement pendant 6 mois. L’avenir du radar après son extinction est du ressort de l’État. Compte tenu des nouvelles constructions prévues dans le quartier, le radar abrité sous le radôme a dû être déménagé sur un autre site. Servait à l’alignement des avions qui vont à Orly mais étant donné la hauteur des bâtiments aux alentours, il fallait faire en sorte que le signal du radar ne soit pas perturbé.  Ressemblait à une sorte de château d’eau avec coupelle dans laquelle était posé une sorte de ballon de foot géant. Dressé près d’un vrai château d’eau. Les deux installés dans une partie du jardin de la Ferme des Granges, laquelle (granges du 17è : classées) est identifiée sur la carte comme « centre communautaire » depuis quelques années. Traduire : rien ne se passe. L’écroulement se fera naturellement et permettra aux promoteurs de l’écoquartier, après démantèlement des lieux, ancien radar y compris, d’investir dans de nouveaux logements en cette zone juteuse du grand Paris. Un détail, pas sur la carte : ton père était le régisseur de la Ferme dans laquelle les deux géants  – radar et château d’eau – surplombaient ton adolescence. Plusieurs déménagements depuis. Deuxième radar : Nord-ouest de Paris. Pas de même nature que l’autre :   c’est une tour hertzienne TDF et SFR route du Fort, Andilly. Géolocalisation facile.  Imposante : une sorte de station spatiale sur pied avec immense baquet au premier étage, surmonté de deux soucoupes ajourées avec antennes. Sur un plateau, comme le premier. Près de la butte d’où se découvre panorama incluant Paris, les forêts, les champs. Ce réservoir d’ondes facilite vraisemblablement ta recherche. Tu habites en bas et ton téléphone portable t’indique la distance le temps nécessaire  entre le bas et le haut entre le cimetière de la phrase et la tour hertzienne avant la redescente. Ton radar mobile te montre une route que tu n’emprunteras pas. Il ne te propose pas le lien qui se fait à vol d’oiseau dans le temps entre les deux tours gardiennes des ondes et ton histoire. Tours radars structures enracinés dans la terre lotie retournée remuée refermée on n’ajoutera pas sacrifiée comme disait ton père qui ne pouvait pas penser que c’était pour la bonne cause son radar de cultivateur bientôt privé de terre ne lui indiquait à ce moment-là l’évolution prévisible de la communication sous toutes ses formes que comme une nouvelle alerte, pire que les intempéries.

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

Un commentaire à propos de “#40jours #24 | au radar”

  1. Impressionnants ces deux radars !
    Merci, Christine, pour ton texte… un peu inquiétant !