#40jours #04 | du gris, tout en nuances

Un baiser sur la tête des enfants, la promesse de se retrouver au soir en échange d’être gentils et sages. Symbolique, mais important. La porte en alu dilatée par la chaleur. Vivement les travaux dans quelques mois, bientôt quittes ! Les pavés, carrés et cimentés, mouchetés d’une palette de gris. Des bandes d’une cinquantaine de centimètres de long sur une dizaine de large, en pierre bleue. De la région. Deux rangées de petits pavés gris de dix centimètres de côté, dans des teintes variant du beige au gris clair, en passant par des teintes intermédiaires de bleu. Et puis le bitume, cette large langue noire goudronneuse, délavée par le temps, par les passages et par la pluie, défigurée çà et là par des éclats et rafistolée à coups de pelletées de bitume à froid, en guise de rustine. De la peinture, blanche par convention, en ligne droite pour un démarquage. Ou encore ce rond blanc barré. Pas question de s’y éterniser, donc. Des travaux, perçage de la croute et remplacement de câble, célébrant l’arrivée de la fibre. De mystérieuses flèches jaunes tracées à la bombe. Attirer l’attention, pour celles et ceux au courant. Retour de la peinture blanche, cette fois-ci en larges bandes et bien parallèles. Des codes, du savoir collectif. Là, possibilité et même obligation de passer. Pas deux mètres plus loin ni deux mètres avant, là ! Une longue plaque métallique, d’une bonne cinquantaine de centimètres, en guise d’interruption dans la monotonie des pavés gris fraichement posés. Appartenance à Proximus, le monopole en matière de Telecoms. Une indication pour montrer l’espace d’insertion d’une clé, sûrement pour une ouverture. EN124-2 D400 COPRO. Un mystère de plus, réservé aux professionnel.les. Et puis des poteaux jaunes lignés blancs en plastique, disposés dans un tournant. Une nouvelle attention pour les automobilistes de bien rester sur leur bande, une maigre protection pour celles et ceux à pieds. Des coups de disqueuse dans le bitume, une énième balafre. Cette fois-ci, des lignes bien rectilignes. Une amorce de prochains travaux, sans doute. L’arrivée, bientôt. Des escaliers, un accès au quai. Retour de pavés, cette fois-ci rectangulaires. Gris foncés. Et puis un peu avant le précipice des voies, des dalles blanches, carrées et dotées de petits points de deux ou trois centimètres de diamètres. Histoire de montrer la voie et de la délimiter, pour les yeux déficients. En contre-bas, des rails en acier brillant, parallèles, d’une longueur à n’en plus finir. Entrecoupés perpendiculairement par des longerons en béton. Tout autour : des cailloux, toujours gris, de la taille d’un demi-poing. Une mer de gravats.

Il est 8h09, le train arrive en gare. Des pas en rafales, des pieds dans des sandales, des chaussures, des bottes, des baskets. De toutes les couleurs. Vers des destinations aussi diverses que variées. Un jeudi matin.

A propos de Pierre Vangilbergen

Trentenaire, papa de deux adorables démons, je pratique quotidiennement l'écriture au service de l'éducation populaire, de la justice sociale, des combats environnementaux, des luttes contre les discriminations et les stéréotypes. Amoureux de musique, le metal ponctue toutes les étapes de mes journées. Je confesse totalement une attirance accrue pour la noirceur. Les mots sont pour moi une échappatoire et un véhicule permettant de toucher du bout des doigts l'indicible. --- // Instagram : pvangilbergen // FB : pierre.vangilbergen.7