#40jours #10 | Piment vert

Inya lake hotel

Je ne la vois plus que par bribes, la route qui menait de l’hôtel vers le centre-ville, des morceaux épars sans continuité, quelques maisons en contrebas alternant avec des rizières.

Je ne vois plus le passage qu’il fallait emprunter pour se rendre à la piscine dans le jardin de l’hôtel. Juste la piscine en forme d’énorme haricot et son eau parfois tellement verte qu’il fallait du courage pour sauter dedans. Mais la chaleur nous y aidait.

Je n’ai pas navigué sur le fleuve Irrawaddy qui était pourtant la raison du travail de mon père.

Je ne suis pas allée voir le rocher d’or en équilibre sur la falaise.

Je ne sais plus le nom ni le prénom de l’amie que je m’étais faite dans cet hôtel, juste son visage, qu’elle est belge et qu’elle était au Chili avant de venir ici.

Je ne suis pas allée à Mandalay et gravir les marches dans l’escalier couvert pour voir la ville d’en haut.

Qu’y avait-il dans ma valise ? Qu’avais-je apporté avec moi pour supporter la séparation d’avec ma vie de collégienne ?

Je ne sais plus où se situait la pagode Shwedagon, je ressens encore l’émotion en y pénétrant, par rapport au marché qui m’offre des vues parcellaires de ses étals. Des viandes rouge posées sur des planches avec des mouches virevoltantes dans leur ivresse. Et puis le marché vu de la fenêtre de la voiture où mes parents me laissaient pour que j’arrête de me faire toucher tout le temps. La blonde aux yeux bleus qui porte bonheur.

J’ai peu de souvenirs de l’excursion à Pégou appelé depuis 1989 Bago. Quelques stupas remontent et il reste le bouddha couché mais que cette statue, pas le décor l’entourant.

Je ne sais rien des maisons où pourtant je me suis rendue. Il reste un siège, une chambre.

Je ne suis pas montée sur ces frêles embarcations qui glissaient silencieusement sur le lac Inya, juste résidé dans l’hôtel qui portait son nom.

Mais je revois nettement ce haricot vert que je gardais pour la bonne bouche comme un lien avec la France. C’était un piment local…

A propos de Véronique Hilly

Ça commence par une scolarité (lointaine) où écrire tenait du cauchemar. Il y a quelques années une amie propose un atelier d'écriture et pourquoi pas. J'y ai découvert d'avoir un plaisir immense à écrire. Alors je continue !

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