#40jours #35 | un jour ou l’autre

Tour Urban, immeuble de bureaux, Centre Commercial de la Croix de Chavaux, Montreuil

Un jour j’ai constaté que de ce bâtiment d’une dizaine d’étages des années 70, les murs extérieurs avaient disparu. Je n’avais pas perçu l’ampleur de ce chantier, pas vu venir les étapes précédentes de cette rénovation. Et soudain plus aucuns murs extérieurs. Ne restaient que les plateformes. Ossature mise à nue. Architecture évidée où passent l’air et le regard, tel un parking en étages, sans voiture. C’est comme si je voyais tout alors qu’il n’y a justement plus rien. Juste quelques murs gris. L’armature. Le chantier est bien gardé. je n’irai pas au delà des palissades qui empiètent sur la voie vélo de l’Avenue de Chanzy. Non je n’irai pas voir ce vide qui m’attire, où i n’y a rien à voir, non je ne rentrerais pas à l’intérieur, je ne monterai pas  au dernier étage pour voir la ville de ce bâtiment vide

Foyer Bara, rue Robespierre, Montreuil

Un autre jour j’ai constaté la phase finale de la destruction du Foyer Bara, rue Robespierre. Foyer insalubre depuis des années, pourtant occupé par trop de travailleurs africains. Là les étapes furent progressives, et restaient toujours quelques maliens spectateurs du gros chantier. Ils occupaient le trottoir d’en face, près d’un bar-restaurant branché « Les pianos ». Certains, restaient des heures durant assis sur les bancs, près de femmes vendant l’une du manioc, l’autre des épis de maïs grillés. À la fin de la démolition et aux débuts de la reconstruction il n’y avait rien à voir d’autres que les murs bâchés de bleu vif des immeubles mitoyens protégés, et pourtant ils continuaient à attendre de voir la progression du chantier. Et puis petit à petit par dessus les palissades, les parois du nouveau foyer, aux murs jaunes je crois, se sont élevées. Jusqu’au jour où dans le journal municipal j’ai appris l’ouverture du nouveau foyer Bara. Je n’y suis pas encore allée.

Maison individuelle, Place de la République, Montreuil

Depuis de années, j’aime cette maison qui paraît abandonnée. Derrière de grosses grilles devenues rouillées, la végétation se développe d’année en année. Une grosse chaine et un cadenas protègent l’entrée. Une maison discrète au centre d’un jardin merveilleux. De moins en moins visible, de plus en plus attirante. Maison en meulière, d’un étage, de surface moyenne, sans rien d’exceptionnel, mais où il pourrait faire bon vivre, avec chacun son espace, de l’espace pour tous, et l’ombre des arbres pour les autres. Des squatteurs, discrets, s’y sont succédés, paraît-il. Ils n’ont pas laissé beaucoup de traces, à l’extérieur du moins. Située dans le Bas Montreuil, quartier convoité par les promoteurs, un jour elle ne sera plus.

A propos de Pascale Sablonnières

photographe autrice et professeure dans une école d'arts plastiques, j'écris. j'écris, en lien ou pas avec des images, en lien ou pas avec des œuvres visuelles, ou avec ce qui se passe ou ne (se) passe pas. http://www.pascale-sablonnieres.fr/ https://montreuilsurpage.blogspot.com/ https://dungesteverslautre.blogspot.com/

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