8 – « à l’instar des comprachicos, quoi! »

27 septembre 2019, sortie officielle d’un nouvel album de Batman : « Joker, L’homme qui rit ». Sur la couverture, le Joker sourit jusqu’aux oreilles. Comme Gwynplaine, l’homme qui rit malgré lui, défiguré par les comprachicos dans le roman de Victor Hugo. C’est la plus belle journée de ma vie. Le Mal capitaliste triomphe, il rit de tous, et surtout des pauvres ; mais je vais faire justice, comme Batman. Si j’étais un écrivain, j’écrirais un flamboyant discours contre la misère, comme celui que Gwynplaine adresse aux lords. Mais je ne suis pas un écrivain, j’abandonne le stylo pour un rasoir. Je kidnappe l’homme le plus riche du monde et j’agis en comprachico. Je travaille à cette figure. Je cisèle sa chair, je fends sa bouche, débride ses lèvres, dénude ses gencives, distends ses oreilles, décloisonne ses cartilages, désordonne ses sourcils et ses joues, élargis son muscle zygomatique. Ce rire que je mets sur son front, sur ses joues, sur ses sourcils, sur sa bouche, il ne pourra l’en ôter. Je lui applique à jamais le rire sur le visage, toutes les parties de son visage contribuent à ce rictus, toute sa physionomie y aboutit, comme une roue se concentre sur le moyeu; toutes ses émotions, quelles qu’elles soient, augmentent cette étrange figure de joie, disons mieux, l’aggravent. Un étonnement qu’il aurait, une souffrance qu’il ressentirait, une colère qui lui surviendrait, une pitié qu’il éprouverait, ne feraient qu’accroître cette hilarité des muscles. Il  a maintenant un sourire jusqu’aux oreilles, littéralement. Voyez, capitalistes, ce qui vous attend. Je suis le nouveau batman ; chauve, je souris…

7 commentaires à propos de “8 – « à l’instar des comprachicos, quoi! »”

  1. C’est raide, ça dégage les sinus ! me fait penser au portrait de Donald Trump sous les traits du Joker dans le roman de Salmnan Rushdie « la maison golden »