autobiographies #11 | une robe noire

Une robe noire en grosse toile de coton, épaisse, râpeuse. D’un noir indécis, délavé par le soleil, les lessives, les frottements, à la pointe des coudes surtout, presque bleue sur les cuisses, là où reposent les mains. Le haut ressemble à une chemise. Une échelle de boutons, tous fermés, grimpe jusqu’au col. Sous la toile, on devine des seins affaissés Continuer la lectureautobiographies #11 | une robe noire

autobiographies #08 | l’heure du dîner

C’était à l’heure du dîner ; quand les beaux-parents descendaient ; du cinquième au premier étage ; tous les huit autour de la table ; trop grande pour la pièce ; la toile cirée sous la nappe ; pour ne pas tacher le bois ; chacun à se glisser contre le mur ; à soulever sa chaise sans faire de bruit ; les morceaux de feutre Continuer la lectureautobiographies #08 | l’heure du dîner

autobiographies #06 | le comprimé de Nautamine

On partait d’un morceau de nuit, celui dont on nous privait en se glissant dans la chambre, avec un chuchotement que l’on attendait, cette menace emportée avec soi quelques heures auparavant, la veille, un autre jour, une même nuit, un morceau de nuit que l’on ne voulait pas connaître, pourtant il le fallait, debout, en dehors des draps, s’extraire, tâtonner Continuer la lectureautobiographies #06 | le comprimé de Nautamine

autobiographies #05 | sur le chemin d’Argenton

Marguerite avance sur un chemin de pierre. Les cheveux noués, bruns, cachés dans un chapeau en feutre brun. Aujourd’hui encore, pour se rendre à Argenton, il n’y a pas d’autre solution. Il faut y aller à pied. Quitter Annot en passant derrière le village, prendre le sentier qui s’éloigne de la voie ferrée, puis monter à travers les grès, les Continuer la lectureautobiographies #05 | sur le chemin d’Argenton

autobiographies #03 | le saule pleureur

La maison, rue du Peyrard, portait en haut de ses murs, un petit jardin en terrasse, un carré de pelouse. En son centre, un saule pleurait. Combien de larmes ? Son ombre formait un cercle, ses branches un abri, peut-être. Je ne sais pas qui l’a planté. Qui a voulu lui donner cette place étriquée et inconfortable, le contenir dans Continuer la lectureautobiographies #03 | le saule pleureur

autobiographies #02 | la vie de Jean

Il est huit heures. Jean se tient assis près de la comtoise. Le menton baissé, la nuque raide, il imagine attraper le journal. Celui qui se trouve de l’autre côté de la pièce, sur la table basse, près du téléphone. Il pourrait se lever, à petits pas, longer le buffet. Entendre ses pantoufles glisser sur le sol. S’incliner. Sa main Continuer la lectureautobiographies #02 | la vie de Jean

autobiographies #01 | Près de Marguerite

J’aimais glisser les mains à travers le rideau, les bras, les écarter pour entendre le ruissellement des lamelles de plastique. Sous la tonnelle, la lumière jaune du toit était collante de chaleur. J’entends l’eau de la fontaine. Les petites baies vertes qui roulent dans une assiette à dînette rose ou. La brouette elle aussi est rouge. Assise sur les marches Continuer la lectureautobiographies #01 | Près de Marguerite