autobiographies #06 | Taxi brousse

Le rythme lancinant et obsédant nous avaient saisis dès les premières heures de ce long voyage dans ce minibus antique dont le fonctionnement relevait du miracle, le ballet des têtes et des bustes dodelinants au rythme de l’avancée du taxi brousse traduisaient l’état d’une route en terre et en pierres faites d’ornières, de trous et de lits de rivières à Continuer la lectureautobiographies #06 | Taxi brousse

Autobiographie#6 Un long voyage de nuit

Serrée dans le bus bondé, place assise près de la fenêtre, aux pieds mes sacs poussés en partie sous le siège devant moi, montée difficile, dans la file d’attente, ça poussait, ça pressait, ça secouait, hautes marches à grimper difficilement avec mon paquetage, on aurait dit une mule chargée, sac à main, sac à dos, sac à provisions, sac à Continuer la lectureAutobiographie#6 Un long voyage de nuit

autobiographies #06 | la nuit à rebours

Ce souffle en permanence, la ventilation, le moteur, on ne sait pas trop, ce bruit de fond dont on ne se dépêtre pas, les écouteurs sur les oreilles, oublier un peu ce souffle, la finesse de la paroi qui nous sépare du vide, température extérieure invivable, s’il y a une fuite, un hublot qui s’ouvre, un bouton sur lequel on Continuer la lectureautobiographies #06 | la nuit à rebours

autobiographies #06 | bifurquer

Photo: Jérôme Cé, décembre 2021 Tourner la tête pour voir à travers la vitre, faire se faufiler ton regard entre le bide de ton voisin et le siège de devant pour finir par buter, buter contre le sombre, le sombre parfois ponctué de tâches, de halos ou d’éclats de lumière, finir, finir sur cet effet miroir à te regarder toi Continuer la lectureautobiographies #06 | bifurquer

autobiographies #06 | cigarettes de nuit

Le visage face à la vitre, face à l’obscurité au-delà qui renvoyait la lumière blafarde du plafonnier et, à contre-jour, le reflet mangé de buée à chaque expiration, le regard barré par la pliure de la fenêtre, là où vers le haut on pouvait ouvrir en bascule une partie de la vitre pour respirer un peu, l’air froid entrait alors Continuer la lectureautobiographies #06 | cigarettes de nuit

autobiographies #06 | long trajet de nuit

J’avais choisi la couchette du haut parce qu’on y tenait assise, que l’arrondi du toit du wagon n’était pas à portée de main, même en tendant très haut la main, à la différence du milieu et du bas où un ciel de skaï brun-orangé limitait le décor et la respiration – l’avais-je choisie, au fait ? je l’occupais certes, mais à Continuer la lectureautobiographies #06 | long trajet de nuit

autobiographies #06 | 546 d’indifférence

Un avant, un après ; tu tombes de sommeil, enroulé autour, un sac, ton manteau, tes chaussures coincées, bordées ; sur, sous, autour ; puis l’impossibilité de tordre la lumière ; longtemps la résistance ; dormir appel la légèreté ; une nuit, tu succombes ; sur les bancs publics la nuit on meurt ; le froid saisit, remplit les recoins Continuer la lectureautobiographies #06 | 546 d’indifférence

autobiographies #06 | une si longue nuit

On s’arrête pour la nuit. C’est la règle. Même les gars de la Légion étrangère qui poursuivent les orpailleurs, on la leur répète à chaque embarquement : on ne navigue pas la nuit ! La nuit c’est trop dangereux sur le fleuve, les arbres à la dérive, les paquets de lianes qui t’emmènent par le fond en se prenant dans l’embarcation Continuer la lectureautobiographies #06 | une si longue nuit

autobiographies #06 | yeux jaunes, estafette bleue

Deux yeux jaunes, le monstre passe, je devine une masse derrière, au moment où il nous dépasse, nous tremblons, tout tremble, tout grince, je colle mon visage contre le pull qui me protège de la tôle, mes yeux se ferment, un autre monstre arrive, celui-ci n’a qu’une lumière, son cri est plus strident, il va encore plus vite, quand il Continuer la lectureautobiographies #06 | yeux jaunes, estafette bleue