autobiographies #01 | Près de Marguerite

J’aimais glisser les mains à travers le rideau, les bras, les écarter pour entendre le ruissellement des lamelles de plastique. Sous la tonnelle, la lumière jaune du toit était collante de chaleur. J’entends l’eau de la fontaine. Les petites baies vertes qui roulent dans une assiette à dînette rose ou. La brouette elle aussi est rouge. Assise sur les marches d’un escalier, à mes pieds, un butin de cailloux, d’escargots et de fleurs tombées. Si je lève la tête, le long du muret, couchées sur le grillage en surplomb de la rue, contre les vitres de la véranda, partout, je vois des marguerites.

Des melons à l’arrêt parterre dans un champ, leur parfum sucré, écœurant. Avec ce soleil, la route juste devant. Un rocher contre lequel la maison est venue se blottir. Elle le protège. Personne ne peut l’approcher. A l’intérieur, les murs blancs de chaux, sur un lit affaissé le rose fané d’un boutis. Je n’entends pas les cigales.

Le boucan des bagnoles, la nuit, les lumières et les fils sombres des trams jacassant. La façade noire de l’immeuble le long des platanes. La porte, les boutons dorés des sonnettes. Sur le montant de pierre, à droite, près d’un battant, on peut lire ABRI en lettres capitales.

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