A propos de Jean Poussin

Eternel espoir, prometteur dès le collège puis le lycée, j’approche aujourd’hui la cinquantaine sans avoir fait mes preuves. Ma professeure de français, au bord de la démence sénile, ne se souvient que d’un seul nom aujourd’hui : le mien. Je m’appelle Jean Poussin, et à vingt ans ce nom était promis aux plus belles gloires. Depuis, je n’ai cessé de décevoir les attentes placées en moi, avec une certaine constance dans l’échec et le refus de me confronter véritablement à l’écriture, qui est pourtant le centre de ma vie. Je travaille dans le milieu de la culture, plus précisément dans celui de l’art contemporain, où la fréquentation régulière des créateurs·trices me permet d’entretenir mes jalousies et mes frustrations. Cela m’a également amené à publier quelques textes sur des artistes, une douzaine en quinze ans. Depuis, j’ai abandonné ce genre, pour me consacrer au portrait : je suis devenu le biographe officiel de tous les membres de ma famille. On m’emploie aussi pour les discours d’enterrement. J’ai toujours travaillé en solitaire, mais aujourd’hui, j’ai décidé de partager un peu ce que j’écris, avec une certaine timidité, mais ce qui se passe dans cet atelier m’attire beaucoup.

Salon le soir

Ecriture dans la lumière du soir. Sur cette photo on ne distingue pas la musique : Allman Brothers at Fillmore East, qui est un extraordinaire album live. Et d’ailleurs, c’est tellement bien que je ne vais pas écrire ce soir, je crois.

Asphalte

Trente-et-un dehors, on étouffe un peu dans le bureau, avec les disques durs qui tournent, mais j’explique à la comptable qu’on ne peut pas ouvrir la fenêtre, à cause du bruit des travaux. En bas je vois les ouvriers qui sont en train de refaire l’étanchéité du parking. Ils sont une douzaine, en tout. Il y a trois machines un Continuer la lectureAsphalte