autobiographies #15 | énigme des serrures et des targettes | la maison des autres

PATIENCE

Tu n’imaginais pas que ce serait aussi rapide, aussi percutant.

A cause d’une lettre circulaire portant sur le chantier collectif d’atelier , tu « tombes sur » une vidéo d’une parfaite inconnue et tu comprends en un éclair de quelques secondes qu’elle aborde l’écriture exactement comment tu la vis et la conçois. Tu l’invites aussitôt à échanger et elle accepte. Tu es comblée, il se passe quelque chose de fort et tu vas t’en remettre après une bonne nuit de sommeil.

Tu t’es déjà cassé le nez un jour en descendant les escaliers de la Médiathèque de la Part Dieu à Lyon. Tu avais pris un RTT pour assister à une journée de L’ARALD qui voulait nous parler des Auteur.e.s Rhône-Alpes, l’Auvergne n’ayant pas été encore annexée au gros ferry de la région. A cette époque tu lisais beaucoup les autres. Tu le fais encore, mais tu commences à réaliser qu’il faut que tu t’occupes enfin de ton petit jardin de presbyte… Mais là tu montes les escaliers d’une maison d’écriture qui n’est pas la tienne et qui t’attire. Pourquoi ?

ARMOIRE ECLECTIQUE

Tu accueilles donc Gracia Bejjani dans tes contacts de réseau internet et tu vas accorder une attention particulière à son travail. Le format de ses vidéos correspond en tout point à ce que tu as envie de faire. L’équilibre entre l’image vivante et le texte est à trouver pour toi comme pour ceux et celles qui veulent inventer des formes nouvelles à la littérature partagée et enrichie par les apports du numérique.

L’EAU VIVE DE L’ECRITURE

VOUS N’EN PARLEZ JAMAIS

VOTRE MAISON RECULEE

ETRANGERE DE SILENCE

LE SOUFFLE DE SON VENTRE

SANS VOUS AUX PORTES DES CHAMBRES

D’ AUTRES MONDES… […]

LUI DIRE L’ OUBLI […]

Gracia Bejjani

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.