P#9. Captation

C’est une photographie au format carré 9X9 cm prise dehors, en été. Pour fond, un mur de pierres plus ou moins jointes avec déposé dans quelques trous, du feuillage, du vrai feuillage. Deux femmes sont assises dans des fauteuils en rotin avec coussins rouge orangé. Elles discutent autour d’une table dont la nappe empesée est blanche. L’une porte un chapeau de paille et des lunettes de soleil ; l’autre, un foulard bleu pâle et une jupe longue bleue aussi à motifs floraux. Au vu des vêtements portés, l’on doit se trouver autour de la fin des années 60. On ne saisit pas les traits de leur visage, on ne sait pas l’humeur de leur conversation.
Au centre de la photo et au premier plan, un adolescent fixe l’objectif. Cheveux noirs, coupés juste sous l’oreille et mèche rebelle sur le front. Ses sourcils en arcs nets ourlent un regard direct, franc mais comme absent et sa bouche légèrement ouverte pourrait s’apprêter à dire quelque chose. Il est torse nu et l’un de ses bras est posé nonchalamment sur le dossier du fauteuil en fibre tissée. Toute l’image reflète les vacances. Le bout d’un pan de parasol orange gansé de blanc au dessus de la tête du jeune éphèbe le protège d’un soleil trop violent.

C’est une photographie jumelle de celle ci-dessus en quelque sorte. Même format, datée au dos : août 1969. A l’arrière plan, un massif montagneux au contour flou. Tout à gauche et au premier plan, une chaise en rotin avec agrippée à l’assise, une main appartenant à un enfant en maillot de bain bleu rayé blanc, l’une de ses jambes est allongée devant lui. De ce personnage, on ne voit rien d’autre. La photo a été mal cadrée et tirée quand même. Sans doute, en est-il ainsi de toute la pellicule, que la chose révélée soit intéressante ou non.
A côté de cette main et sur sa droite, une adolescente assise sur une chaise longue en plastique blanc recouvert d’un matelas de couleur clair. On ne distingue pas le bas de son corps barré en diagonale par la jambe du garçon. Ses cheveux longs, dans les châtain, sont relevés et quelques mèches affleurent sur le visage encore rond que l’on voit de trois quart. Elle est en maillot de bain blanc et regarde droit devant elle. Son expression pourrait être grave ou refléter l’ennui. Il y a de l’énergie froide dans son regard.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.