carnets individuels ı|ı Laurie Chevallier

#40 INSTRUCTIONS
POUR QUE CONTINUE LE CARNET

ı◊ı D’abord se munir d’un carnet de poche. Y joindre un stylo, si possible de petite taille.
ı◊ı Disposer d’une poche libre en toute occasion. Y glisser le carnet et le stylo.
ı◊ı Mettre en place le rituel d’écriture. Pas de café avant le premier mot sur le carnet.
ı◊ı Rédiger la numérotation des notes en amont de l’écriture. De #01 à #40.
ı◊ı Une fois les emplacements tracés pour les 40 notes futures, se laisser la liberté de prendre de l’avance sur les jours à venir. Chaque note vaudra pour un jour. Si dépassement de la numérotation avant l’issue de la période, prolonger d’une dizaine ou plus. Ainsi un mois pourra compter 50 jours, l’unité jour devenant un marqueur autonome du nombre de fois où le stylo saisi a abouti à la rédaction d’une note.
ı◊ı Il sera possible de remplir les champs libres dans l’ordre voulu. Ainsi la note #32 pourra être rédigée avant la #17.
ı◊ı Sur la quantité, se contenter d’un maigre objectif. Trois mots suffiront à composer la note.
ı◊ı Sur la qualité, extraire le sensoriel, des impressions de sortie de rêve, l’idée qui accompagne une odeur, la rudesse d’un toucher.
ı◊ı L’issue de la période s’accompagnera d’un enregistrement vocal des notes, suivant un ordre aléatoire ou pas.

#38 STRATÉGIES DU RÊVE

Et me revoilà dans ce jardin marseillais dont je ne peux sortir. Il m’obsède, toujours en fond, comme l’horizon depuis le palais du Pharo quand on a beau se retourner mais qu’on le perçoit toujours, là dans un coin de la vision périphérique. Point d’accroche à l’enfance, silencieux puisque personne n’y parle jamais. Le jardin est découpé par une allée centrale bordée de pierres et mène à ce sol en béton, sorte de glacis où trône irrémédiablement ma grand-mère, dans une attitude baignée de mystère.

#37 DU PAR CŒUR

Desgraciado el país que necesita héroes.*
Cette phrase de Bertolt Brecht citée par mon professeur de langage cinématographique, en 2015 à Barcelone.
*Malheureux le pays qui a besoin de héros.

#36 ROUTINES DU LIRE ÉCRIRE, ET QUOI FAIRE DE MIEUX

réveil éviter l’écran, le café un réflexe, cafetière sur le feu une allumette, l’arabica prépare en silence sa montée fulgurante, vite vite avant, s’étirer le corps au sol, le timing est rodé, on remonte déroule la colonne vertébrale et voilà la tasse
arabica à moi à moi
la tasse à la table éviter l’écran, je prends l’habitude de lire, le matin car le soir position inconfortable, aucun signal synaptique
enfin après un petit temps, écran écran écran

#35 LA PANNE, L’EMBROUILLE

Elle a passé la journée à tenter de faire remonter ce gros poisson. Quand elle l’a vu qui se débattait à fleur d’eau, elle s’est dit – trop confiante – qu’elle l’avait attrapé. Mais le poisson lourd et puissant l’avait battue à cet endroit et, profitant d’un relâchement dans la tension du fil, s’était brusquement extirpé de la prise, et avait rejoint – un peu sonné mais libre – le fond éteint du lac. Ainsi s’évanouissait un souvenir à nouveau oublié.

#34 AH ÇA CE SERAIT UNE
HISTOIRE POUR…

Lyon blanchie par le froid, pas un bruit dans la ruelle pourtant les empreintes dans la neige tenace trahissent quelques passages. Ça serait un plan d’introduction d’un film d’Abbas Kiarostami, si la neige était poussière et le soleil au zénith. Cette idée me réchauffe et je crois voir courir un garçonnet en culotte courte tenant dans ses bras une miche et qu’un chien suivrait à la trace.

#33 FAIRE LE VIDE

Quitter le volume en trois étapes.
1. Trouver un point d’attache – là le bouchon en cuivre du radiateur.
2. Le regarder fixement jusqu’à créer un flou autour et qu’il devienne entité, point de l’espace.
3. Tendre une ligne entre le bouchon et l’œil. Ne pas tracer en force. La ligne – que je devrais nommer segment – se révèle dans la détente.
Segments et points étant des objets sans volume, et puisque mon œil est devenu un point du segment, alors, mon oeil est aussi objet sans volume. Étant moi-même devenue mon œil, je suis un point de l’espace et tout le volume autour s’absente.

#32 LES MORTS SONT PARMI NOUS

Elle est posée sur la table cette grille de mots croisés aux lettres faiblissantes, écriture de la vieillesse qui peine à arrondir les lignes mais la pensée est bien là, limpide et qui égrène le champ des trois lettres aas, pep, pan, pap, par, pas, pat pec.

#31 DE L’ÉTAT DU MONDE

il s’est servi sans demander pire lui faisant croire que tout le monde fait ça ma petite alors c’est normal – et si tu refuses c’est clair tu as un problème et c’est dommage pour toi mais tant pis – quant à moi tu vois tu m’oublies si tu refuses je te bloque
et ces jeunes femmes à qui on a baissé l’estime au plus bas et qui n’ont pas une seconde pensé à mordre

#30 FAIT DIVERS, TOUT PETIT FAIT DIVERS

dans la nuit de mercredi à jeudi peu avant 5H un camion de transport de fruits et légumes s’est couché sur la D906 ex-N6 entre Chagny et Chassagne-Montrachet les sapeurs-pompiers de Chagny sont intervenus pour porter secours à l’occupant du véhicule le chauffeur blessé a été pris en charge et transporté sur l’hôpital de Beaune le trafic est actuellement perturbé car le camion est toujours sur la voie au niveau de la route d’accès au château de Chassagne-Montrachet

#29 ON N’AURAIT PAS DÛ, VOILA

N’aurais pas dû prendre la première place côté-couloir venue après s’être dit qu’opter pour une autre option semblerait impoli vu qu’il est clair que la femme assise côté-fenêtre déborde quelque peu du siège. Résultat nos cuisses se touchent elle semble se cacher pour écrire et, ce n’est certes pas lié, mais mon accoudoir est cassé. 

#28 RUMINÉ, RABÂCHÉ, RESSASSÉ

feuilles volantes peur d’égarer et cherche que cherche une agrafeuse en voilà une elle essaie vide une autre vide et encore une autre essai vide mais comment peut-on penser le théâtre sans une agrafe à portée de main ?

#27 PAS MOI, MAIS MON DOUBLE

Elle a pris le premier train pour Paris, avec son attaché-case-accessoire de jeu indispensable au passage de l’audition qui l’attend. Elle aime cet intervalle du train où rien ne l’oblige.

#26 CHOSES NETTES, CHOSES FLOUES

Heure de réveil nette – chambre floue.
État de ma voisine de TER flou – rendu de son repas du jour net.
Visages dans la gare d’Austerlitz flous – chemin vers la ligne 13 net.
Réussite de mon objectif à l’audition net – Réussite de l’audition floue.

#25 FRAGMENT DU CORPS

Petit déjeuner de molécules vanillées – braquage de narine – les gaz d’échappement – braquage de poumons – l’odeur de la nicotine – braquage de cerveau – porte d’entrée jamais fermée – accès direct au cœur puis tripes et tout ce qui s’y emmêle pour un parfum, un en particulier

#24 SALLE D’ATTENTE

Éclaboussures sur la moquette du TER, effluve gastrique braquant les narines, la porte du wagon se referme en rythme, accumulation de mouchoirs non souillés, ballotement de la rame

#23 EXERCICE AVEC DÉNOMBREMENT

Défilement depuis le siège d’un passager d’un wagon vide, tronçon Sens-Joigny, 17 minutes :
1-rupture rythme des toits d’usine
2-bâche éventrée
3-hangar nu métal coulant post incendie
4-deux choix de tuiles non motivés sur couverture d’une maison d’un particulier
5-plaine rehaussée sur portion de parcelle sans raison géologique
6-fauteuil d’arbitre sur terrain vague
7-façade isolée en bordure terrain protégée par forêt dense à quelques mètres
8-forte régularité dans implantation des arbres

#22 ON REMET ÇA MAIS AVEC UN LIVRE
(A PERDRE)

Refus de jeu !

#21 FAIRE BOUGER LES CHOSES

à l’aller la canette de 1664 à l’abandon sur un muret ventilateur défait à côté
encore elle au retour sur son muret fixée
l’emporter la recycler appartement à côté
quelques mètres faisant, de cette action civile une résurgence du passé : douzième arrondissement de Marseille, ma grand-mère sur la place poussant de son trente-six à tout casser des pierres vers le caniveau – action civile inintelligible pour un enfant de dix ans regardant le geste avec curiosité

#20 LA SCèNE EST MUETTE

Elle attend sa bière au comptoir. Pivote le haut de son corps, balaie des yeux la salle comme pour scanner et je me demande qui peut bien l’accompagner. La bière est posée devant elle, elle tend sa carte. Sans contact, dans un lieu où pourtant elle semble venue le chercher.

#19 TRANSACTION

Choux de Bruxelles mâche champignons de Paris, elle griffonne additionne dans un petit carnet j’ai préparé la monnaie mais elle demande plus, j’hésite à lui signaler puis me lance elle confirme j’infirme poliment elle retourne le carton et s’explique ah oui, c’est vrai que les prix ont changé. ıı Tome des Alpes il m’a fait goûté et séduite j’achète vingt euros je lui dit moins s’il-vous-plait, il coupe en deux quatorze s’il-vous-plait je lui dis mais ce n’est pas la moitié ıı Salade verte courge Butternut pommes de terre navet prix raisonnable ıı tranches de lard deux personnes prix raisonnable ıı Pain aux céréales excessif mais cela vaut bien cette qualité

#18 RECOPIER C’EST FACILE

collusions avec le VIDE.
enterrement en grande pompe.
jour de toutes âmes plutôt prolongé.
orgie simultanée.
robinson colonial.
daguerréotype historique.
femme-dans-une-fenêtre.
répétition de la dernière course.

17 heures 19 oui là j’ai un créneau. Chance il y a des livres dans cette salle de répétition. Je traverse les décors de conte, attrape un bouquin le repose puis un autre. J’aperçois celui qui sauve. Le grand Tadeusz Kantor sur la pointe des pieds je l’atteins. Avec Kantor quelle que soit la page, le regard s’aimante. Une édition de 1977 par L’Age d’Homme quel nom tout de même. Le livret-photos au centre, papier lisse contrastant avec la rugosité des pages de texte. Le Théâtre de la Mort crache ses mots dans le décor pour enfants.

#17 PETITS EMBELLISSEMENTS BIENVENUS

SUR LE PROJET DE ROUTES NOUVELLES – En finir avec la binarité des sens de circulation. Chaque voiture pourra circuler dans un sens, dans l’autre, dans plusieurs sens, aucun sens ou tous les sens. Il sera également admis que l’une circule sur l’autre à la condition qu’elle en ait fait la demande et y ait été autorisée par ladite voiture précédemment en circulation. Les propos diffamatoires envers les voitures circulant de façon giratoire seront sévèrement punis, qu’ils soient horaires ou anti-horaires. La règle s’appliquant aux heures de pointe comme aux périodes de désert circulatoire, aucune tolérance ne sera appliquée.

#16 IL FAIT FROID, COUVRONS-NOUS

requins taille 42, noir, survêtement ample, noir, gilet de survêtement, bleu nuit, pas de casquette

#15 CUT UP MOI ÇA

On se serait cassé la gueule, c*n. Je mène les chats comment je fais. Pff mais alors là ben c’est ben c’est tu veux pas ouais mais ça vaut pas le coup elle vaut rien cette valise hein.

#14 RIEN QU’UNE SECONDE

botte se plante
genoux se plient – subtilement
près d’un poteau le camouflé,
hissées les jumelles-radar comme
un nourrisson au niveau de ses yeux,
le gendarme guettant ligne droite rurale comme
un chasseur l’animal grisé de liberté ou
étourdi sorti de la forêt,
son objectif 
mesurer delta x sur delta t

#13  ARRÊTER LE MONDE

Dedans des étudiant.es rangé.es en ligne face face ordinateurs et livres devant. Dehors les passant.es des Halles que je distingue à peine derrière les vitres grisées ; cortège de quatre policiers fusant, un flou de bougé. Du dedans la Bibliothèque du Cinéma offre un spectacle d’apparence peu animée. L’image est nette et pourtant. Trituration de cheveux, sourcils froncés, les doigts courbés vers le clavier, à peine quittée une lettre plongent vers la suivante. Je les ignore pourtant ces phrases suspendues que j’ai photographiées.

#12 LA GRISAILLE, LES DESSOUS

Il faut commencer neutre. Accomplir le geste sans chercher la singularité. Imiter ce qui est déjà. Jacques Lecoq et son travail du masque. Derrière ce masque qui uniformise, les corps à accomplir le même geste en deviennent singuliers. Sans forcer, sans vouloir. Et le singulier s’extirpe du pluriel.

#11 C’EST DIMANCHE

D’aussi loin que je me souviens il y a l’objet livre. Je voulais écrire un livre et un jour j’ai décidé de le faire. La maîtresse d’école nous avait tout à fait illégalement photocopié Chichois et la rue des Mauvestis de Nicole Caravegna que j’avais assemblé à grand coup de colle UHU pour reconstituer l’objet. Version un peu oblique noir et blanc avec couverture qui cachait la superposition tremblante des pages versos. Chez moi j’ai donc plié des feuilles A4 vierges que j’ai superposées et encollées l’une sur l’autre. Tracées les lignes au crayon gris pas trop fort pour maintenir l’écriture. Laissé des encarts pour les illustrations. Dans le livre prêt à accueillir mon histoire, j’ai commencé à écrire.

#10 PENDANT QUE

Pendant qu’elle parle, j’espère que sa voix ne déraillera pas.
Pendant que tu te transportes du Nord au Sud, mes pensées oscillent d’Est en Ouest.
Pendant que le chauffeur sermonne les passagères, je me demande si elles comprennent le français.
Pendant que la caméra tourne autour de nous, un morceau du présent se décolle.
Pendant que la pluie tombe, je n’entends plus le bruit du frigo.
Pendant que nous jouons sur la scène, j’assiste au spectacle.
Pendant que j’assiste au spectacle, j’habite le corps de la comédienne.

#09 NE PAS S’ATTARDER SUR

Ne pas s’attarder sur le sol de la gare routière. Les déchets agglutinés dans les coins chacun cherche où déposer sa valise en attendant un bus. Perrache avec la grève du personnel de nettoyage et la ville vomit ses déchets. Ne pas s’attarder non plus sur ceux qui ne s’attardent pas sur le sol. Comment on s’habitue à la crasse. Comment les emballages paquets mouchoirs sac en plastique font partie du décor. Ne pas s’attarder sur le retard du bus qui prolonge notre agonie dans cette poubelle publique comme on ne s’attardait déjà pas sur ceux qui d’ordinaire la vidaient.

#08 LES NOMS C’EST DU PROPRE

Virginie Despentes William Shakespeare Jacques Amandine Sophie Bénédicte Pauline Bayle Cédric Meusburger Gabiel Péri

#07 CHAQUE VISAGE UN TRAIT

du cordiste perché un geste à mon égard moi le regard à la fenêtre du Partner et nous nous saluons comme les enfants de loin saluent les voyageurs qui s’en vont par la mer | mamie blanche embaumée aperçue depuis le bus monte nous rejoindre comment je ne sais pas mais parvient à gravir les marches s’installe vitesse précipitée beaucoup de mouvement sous ses airs de cadavre | agente sncf démissionnaire talons qui claquent voix forte du sud saluant les collègues au guichet parle avec les cheveux énergique et bruyante la voilà sur le quai au revoir président

#06 PERSONNE D’AUTRE QUE MOI
N’AURAIT REMARQUÉ QUE

Personne d’autre que moi n’aurait remarqué que le chaînage apparent en haut du salon donnait des variations dans le gris du béton et que ces variations dessinaient le visage du père qui y avait vécu et dont le cri mourrait avant que de naître par le bras d’un enfant enfoncé dans sa gueule ouverte. 

#05 CIEL DU LUNDI

Étirement blancheur éblouissante
Chute de nuages en gouttes sur mes épaules, humidité verticale frisante
Statisme attente un beau gris
Chien-saucisse s’enfuit à reculons la langue dehors le temps de dire le chien s’est envoilé
Il manque les étoiles

#04 PHRASE DE RÉVEIL

Lourdeur tête coussin marteau réveil retarder dix minutes.
Envoyer la note Jean-Christophe le train Efferalgan si jamais.

#03 IL AURAIT FALLU

Il aurait fallu presser pause un quart de seconde après le premier regard. Fallu figer celui des gens autour façon ces films où les protagonistes déambulent entre des statues vivantes figées dans l’instant. S’engouffrer dans l’iris de l’autre amorcer un sourire de reconnaissance. Échange univoque et dépourvu de mot qui dirait quelque chose comme à tout à l’heure peut-être ?

#02 SI LOIN SI LOIN

Image de ma grand-mère. Debout sur le parvis de la maison marseillaise. Petite mamie flottant dans ses robes fleuries. La peau sur les os qu’elle avait ramenés d’Arménie. Son visage des vagues, parfois ce creux dans la bouche le dentier à côté. Les biceps pendouillant que je m’amuse à balloter alors qu’elle parle avec les grands. Mais de quoi parle-t-elle ? Je fouille j’entends la voix le timbre le rythme mais les mots ne sont pas de ma langue. De l’arménien je croyais. Pourtant mère et tante s’accordent à dire que c’était du français. Alors les mots, qu’en ai-je fait ?

#01 DE L’IMPRÉVU

Fuite de gaz. Les voisins à la rue. La dame de GRDF va nous tenir informés. Ah la voilà la p’tite dame !. s’exclame un voisin. Une tenue d’intervention de pompier-gazier s’avance, la main retire le casque. Mèche courte sur un crâne rasé. Tatouage grimpant jusqu’aux oreilles. Le corps solide affirmé. La p’tite dame soulèverait le voisin à un bras si le scénario le demandait. Alors en la voyant forcément ce n’est pas le premier qualificatif qui me vient à l’idée. La p’tite dame. Entre mon voisin et moi, il y a un certain décalage et ça n’est pas qu’une question d’étage.

2 commentaires à propos de “carnets individuels ı|ı Laurie Chevallier”

  1. Merci à Christophe d’avoir commenté, ce qui m’a permis de découvrir ce carnet (avec retard, comme souvent).
    Je viens de tout dévorer avec grand, grand plaisir — merci !
    (et en chemin, aperçu un Chichois qui me rappelle tant de choses)