ce qui n’est pas nommé n’existe pas

Je est ailleurs, hors de moi, mis hors de moi, je n’est plus – moi – toujours à bouger, insaisissable                 je est absent, vacant, automatiquement reconduit dans ce no man’s land

il a été je cet ex-il                 la photo est là, devant lui                 un tronc commun, deux traits qui séparent et qui unissent                 des traits qui ne sont plus ses traits                 la figure défaite faire des grimaces                 elle se décompose l’enfance oubliée

assis dans l’herbe, son ombre est plus noire, plus grande que lui                 ce n’est pas dû à l’herbe, juste la solitude                 retrouver un cerisier dans ce tronc, cet arbre                 les jeunes poussent ailleurs

dans la mémoire, la violence des cris du passé sur le présent pousse à crier plus fort – pour ne plus être blessé. Que lui reste-t-il de ce monde dévasté                 l’ombre des ruines, comme souvenir                 tout est à reconstruire                 t’es toi, crie le partout

venir au monde, c’est rien, c’est facile… mais Tenir… vivre, quelle affaire ! Toujours faire                 un reste à faire                 survivre…

il ne sait plus de quel côté aller, il se retrouve à part, où rien ne va plus, où aller pour rien                 abandonner l’enfantin, reprendre ce qui est mien                 ce qui l’a toujours été

une fenêtre à jamais condamnée, les volets toujours fermés… toujours connue comme ça cette non-fenêtre… les rares fois où ils seront ouverts, la vue en est toujours surprenante – ce qui n’est pas n’existe plus                 à chaque ouverture, c’est une découverte, un envol

je suis comme cette fenêtre ouverte                 voir au loin ce qui est – autre chose que soi – ou ne rien voir venir                 pour comprendre, le dessiner, l’écrire                 ne plus être condamné à l’exil

A propos de Etien Papadacci

Etien Padac peintre, sculpteur, petits films d'animation des sculptures https://youtu.be/r7mcm4Xe9fg https://youtu.be/pM1zcIW3UXo

3 commentaires à propos de “ce qui n’est pas nommé n’existe pas”

  1. … ce titre qui interpelle bien sur, tant il y a de choses qui ne sont pas nommées parce qu’elles ne peuvent se dire et qui pourtant existent… alors, oui, tenter de les peindre ou de les dessiner…
    être la fenêtre ouverte plutôt que de l’ouvrir pour voir au loin ce qui est – autre chose que soi… la posture est assurément apaisante, merci beaucoup pour cette ouverture.

    • Merci pour votre lecture Christiane, j’ai bcp aimé votre 10 aussi (pas encore lu les autres ) et c’est votre texte qui m’a incité à cette écriture… (j’avais lâché) sans pouvoir y inscrire les blancs…
      Pour le titre, il me semble que c’est une phrase de Lacan…

      • Lacan ?! oulaaa, je ne voudrais pas le froisser, nous ne devons pas avoir le même vécu de ce qui existe ou n’existe pas 😉 ! – ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier votre texte, surtout ce… venir au monde, c’est facile… mais tenir… Merci à vous.