#40jours #1 à #10 | de zéro (pas vraiment) à dix

 Retour sur les lieux

Deux ombres penchées sur l’asphalte dégradé un reste de voie à la sortie et quelque chose  dans l’épaisseur du revêtement  goudron et gravillons barrent le passage  ce qui affleure entre les lignes toutes tracées est déjà là  rayures fissures  écartèlement au cordeau pour ce qui va s’extraire et qu’on ne voit pas vraiment car les dernières voitures en trombe roulent sur les bords de la plaie entr’ouverte par où s’échappe un pied du mouron des oiseaux la mauvaise herbe repousse les limites au-delà de l’irréversible : segment de la route de Saclay le long des Granges, Palaiseau, 1973.)

Ce que la neige a recouvert, la trace d’un pas et tous les contours estompés quand l’objectif à l’autre bout avec son déclic et son air d’arme à feu s’immobilise se prépare à te prendre il n’y a personne d’autre pour la traversée de l’instant tu es visée le silence s’est accumulé un ralenti neige coup porté la photo passante capturée un autre pas :  sur un pont traversant à Budapest, 2002 peut-être.

Grille d’égout ce que les barreaux d’une prison à plat cachent une bouche une profondeur noire  en dessous au moment où la clé du véhicule tombe dans le trou grille dégout  cache la descente dans la boue du fond  la main aveugle fouille l’histoire mais rien ne vient que la lie noire aux éclats coupants grille d’égout au-dessus déplacée pour libérer l’accès et dans le froid glacial une lampe torche qui éclaire l’infame pétrole du fond soudain les doigts touchent un morceau de métal organisé clé noyée : bouche d’égout près du théâtre de Sartrouville, 2000 et des poussières.

Echafaudages sur le flanc, partout, structure doublant le bâtiment d’origine les limites de bric et de broc sont atteintes  les tubulures corsètent les parois en cours de restauration briques usées fenêtres décaties verrières brouillées tout est sous le manteau patrimoine vieillissant les casques de chantier sont prêts sur les planches pour les sauveteurs de la vieille âme  la circulation de l’histoire se fait par les passerelles  encerclant pour la bonne cause des habitants réticents et invisibles : la Ruche, septembre 21.

De l’eau dans le caniveau en contrebas le bord du trottoir brille  même la rue a été lavée les miasmes de la nuit filent avec les eaux usées un camion vert et lent vérifie le nettoyage du quartier en long en large en travers caniveau petite rigole à l’air libre fraîcheur du jour nouveau-né toiles du marché repliées presque personne juste les bordures pierreuses protégeant l’écoulement juste les petites tranchées de l’évacuation l’eau engloutie   un regard et le grand bruit de la ville  qui se reconstitue après le passage des danaïdes , équipe du matin : Paris, Barbès, mars 2006.

1. Femme à la fenêtre.

Femme à la fenêtre, pièce à vivre, c’est petit mais l’horizon fait le poids.  Le lointain comme cadeau de l’étage. C’est là, juste après le déménagement.  Pas grand-chose à déplacer mais dans le pas grand-chose un dessin à l’encre : du lointain portatif en attendant le lointain extérieur. Vieille Maison à part, un peu en hauteur, quelques intérieurs loués pas trop cher et tout autour, les accumulations d’un brocanteur qui encercle son rez-de chaussée avec une montagne d’objets récupérés, de la ferraille à revendre ou à réparer on ne saura jamais tant est compacte la sculpture du disparate. Quand on quitte les remparts de l’encombrement, un sentier traverse un reste de forêt et donne sur la route qui redescend vers la maison du travail, en haut de l’autre ville, perchée sur sa butte témoin. De l’autre côté, la route passe à côté d’une ancienne ferme – encore une rescapée –protégeant quatre vaches laitières. Elles ont survécu à la poussée urbaine et sur toile de fond verte d’un pâturage insolite ruminent leur destin pendant que la ville au lointain déroule ses monuments reconnaissables. Panorama, dans une brume parfois douteuse, la capitale se laisse regarder et tient la distance. Un miroitement retient en amont l’instant du regard, peut-être la Seine, et puis non : c’est le lac, plus près, posté en ambassadeur apparemment serein. Là où il s’étend on ne construira ni ne détruira plus rien ; il a pris la forme d’une certitude que survolent dans le couloir aérien du nord-ouest les avions qui transporteront ailleurs bien plus tard la femme à la fenêtre.

2. Intérieurs exposés.

Depuis maintenant les intérieurs ne seront plus jamais les mêmes. Maintenant c’est ce qui troue l’écran : immeubles bombardés et viol des façades. Dans la béance : restes du mobilier broyé, tissus déchirés flottant comme inutiles drapeaux blancs, vitres soufflées et montants fracassés des fenêtres, corps morts. Fini les maisons de poupées avec mur amovible révélant, une fois ôté, de charmants espaces bien décorés, le moindre détail reconstitué, presque la bonne odeur du repas qui cuit dans la cuisine miniature avec table dressée, dînette de vraie porcelaine et même parfois des figurines familiales qui se retrouvent pour parler du pays ou vaquer à leurs occupations domestiques. Tu ne vois plus de la même manière ton immeuble dans son écrin de verdure sagement répartie. Il se pourrait que les arbres des petites collines soient déchiquetés, les terrains de jeux des enfants laminés et le bruit de l’artillerie lourde prendrait toute la place en cours d’effondrement. Dans le silence qui suivrait on se demanderait ce qu’est devenue Alice qui sort tous les jours le vieux chien de velours cendre de son fils qui fait le taxi ; ou la femme pimpante qu’on aide à porter ses litres d’eau dans l’ascenseur. On ne pourrait pas s’empêcher de regarder les vestiges du dedans : le grand écran volatilisé de la famille nombreuse, les murs ravagés de la courageuse aide-soignante du premier, les tricycles abandonnés des paliers, les lits désintégrés. Et des milliers de feuilles dispersées dans l’appartement du quatrième, là où une femme écrivait les pages d’une vie.  Même qu’une fois, au secret d’un état second, la femme avait donné comme prénom à un personnage le nom d’une ville. Derrière la façade, Odessa se retranchait en accumulant des feuilles et on n’avait pas compris pourquoi l’incendie.

3. Jean-Vilar hors les murs

La Seine, juste derrière la salle Jean Vilar, Argenteuil. Une salle des fêtes pour les opérations municipales, depuis la venue de Murat ou des trois Yann jusqu’aux cinglés du cinéma et les spectacles de la troupe légère, à la fin des années scolaires qui filent leur phrases codées, ponctuées d’examens. Devant la salle, une petite dalle, solidement bétonnée pour les rassemblements avant dispersion. Parking Jean-Vilar, attenant, le long du boulevard Héloïse, grande amoureuse qui ceinture le périmètre. Salle sauvée provisoirement de la destruction : un centre commercial géant devait prendre sa place mais des pétitions tenaces l’ont maintenue dans l’histoire de la ville.

Place Jean-Vilar ZAC Paris rive gauche. Comme une voie, pavée, inscrite dans un périmètre culturel forcément, pas loin de la Grande Bibliothèque. Tenant lieu de parvis pour Notre-Dame-de-la Sagesse qui a perdu ses repères. Donne sur le jardin James-Joyce. Toujours intraduisible. Quartier de la Gare avec les Frigos des artistes, et la Cité-refuge de l’Armée du Salut. Des majuscules, des architectes futuristes, des noms et des absences. Le long de la place Jean-Vilar, théâtre de verdure, fouillis végétal soigné. De quoi respirer quand les tours ultra-modernes de la ZAC barrent le ciel. Parmi les fleurs d’en bas, on pourrait semer des phrases comme celle-ci : Tant que le théâtre est en crise, il se porte bien.

A Goussainville (val d’Oise) on distingue à vol d’oiseau plusieurs rectangles dont les côtés sont des rues et l’intérieur, des parcelles avec leurs maison toutes semblables. L’une des rues porte le nom de Jean Vilar ; Greta Garbo est dans le prolongement, ouvrant un autre champ rectangulaire. L’un des côtés du premier rectangle est la rue Gérard Philipe. Grace Kelly et Romy Schneider jouxtent et dessinent de nouveaux rectangles. Le collège Michel de Montaigne, le lycée Romain Rolland, le gymnase Nelson Mandela sont dans les parages. Le mieux, c’est d’emprunter l’avenue des Demoiselles, à portée de mots, pour écrire une autre pièce. Le prix du mètre carré reste élevé.

4. Langue de terre

Langue de terre sous les pieds, déplacement au ras des pâquerettes qui se font rares le bitume du trottoir colle aux semelles et les tâches ponctuent le déplacement. Un dénivelé en traversant la rue pour passer de l’autre côté, le bord aigu du trottoir comme un rappel à l’ordre, quelque chose à enjamber pour retomber sur les pieds qui s’engouffrent dans le décalage d’un escalier plongeant vers la bande passante d’un quai contre lequel s’arrête une rame, écluse roulante pour la mise au niveau des sols, celui qui file et celui qui attend les prochains pas quelques stations plus tard. Escalier de la remontée, sol des retrouvailles avec peut-être le but qui se rapproche. Une plaque d’égout ronde étoilement gravé comme arrêt sur image, décor d’un couvercle, exposition circulaire sous les pieds sous les yeux. Un détour par l’allée du square mitoyen, dérive pieds nus sur la pelouse foisonnante que longe l’impasse intemporelle. Les trous béants où se sont engouffrées les dernières pluies d’orage : perforés par de nouvelles canalisations, des conduites pour la fibre invisible. Tout a été rebouché depuis et les pavés à l’ancienne ravivent la vieille impression d’un rendez-vous sur le seuil de la petite maison quelque part le long de l’impasse.

5. Tourne autour

Avant d’être fractionnée en espaces administratifs la grande salle reprend place au-dedans. Porte ouverte le plus souvent. Un vieux piano quart de queue un peu abimé à gauche des sons s’échappent un enfant pressé avec deux doigts essaie de retrouver un air ; en face, de hautes fenêtres avec des barreaux fins qui font tout pour ne pas ressembler à des barreaux, un petit fouillis de fleurs au verso. Et à droite une autre porte : c’est la petite salle du soutien, grande table sombre, chaises entreposées, placard aux livres et cahiers cachés un autre piano mal en point sans doute là depuis la libération. Retour grande salle fresque peinte sur un mur entier par les enfants chacun sa parcelle les lignes se croisent et trois motifs à chaque fois interfèrent mer musique mots. Ouvrage recouvert ensuite sciemment par le factotum d’une directrice jalouse. La grande salle donne sur ce qui était une grande salle à manger pour les enfants avant de devenir un entre-deux entre le bureau du chef de service, la cuisine carrelée et la porte d’entrée

6.  Grand Atlas Mondial Sélection Reader’s Digest

1963 la date de publication et le cadeau de tante Didi institutrice retraitée à Châteauneuf-en-Thymerais, Nord de la Beauce. Deux guerres. Pendant la première : mort de son amoureux. Elle restera « vieille fille », disaient-ils. Pas de petits-enfants pour elle alors nous comme les siens. J’ai treize ans quand je reçois d’elle le livre lourd. Six parties : visage du monde ; les nations du monde ; la terre des hommes ; le monde en chiffres ; le monde en images ; index. L’Atlas a connu tous les déménagements. Vu d’abord comme planche à rêves, en l’ouvrant on fait le tour. Consulté avant chaque départ. A commencer par la genèse : où Châteauneuf-en -Thymerais dans le vaste monde ? Vertige minuscule engrangé sur une page, enchâssé dans la démultiplication. J’ai compris plus tard qu’en plein été, tante Didi m’avait offert le monde. L’Atlas a toujours suivi le mouvement, les déménagements. Mais où donc ? Où est-ce ?  Le domaine d’Arminvilliers englouti parmi les millions de noms ; Palaiseau le petit palais dépouillé ; Val André ; Harrow-on-the Hill ; Reims ; Valenciennes, Rome ; Bouillon ; Val-André ; Unna-Massen ; Sienne ; Come ; Lyon ; Thessalonique; Saint-Genest-Malifaux ; Montmorency, Argenteuil ; Tokyo ; Kiyoharu ; Varsovie ; Helsinki ; Budapest, Nantes, Toulouse, Harreberg , Remiremont , Saint-Pol-de-Léon. Atlas pour repérer et refaire les voyages des écrivains, aller sur leurs traces d’une manière ou d’une autre.  Chateaubriand une nuit d’été en Amérique, Rimbaud à Bruxelles, Hugo sur l’île des travailleurs de la mer, Sand à Majorque, Nin à Louveciennes, Lispector quittant l’Ukraine. A l’échelle de chaque instant sur une carte intérieure. Voir dans l’ensemble. Les zooms de l’époque : à vol d’oiseau au-dessus des cartes colorées, focus à la loupe. Et le secret : prendre une grande page au hasard, monter dans un hélicoptère miniature, un moustique qui survole les noms et les délimitations en rouge puis au hasard se pose. Alors sortir de l’appareil et inventer les précisions. Les frontières ne seront jamais les mêmes. Châteauneuf-en-Thymerais a des zones invisibles à l’œil nu, des satellites odorants : bruyères pins et bolets dans la forêt sur le chemin du Jaglu, hautes roses suspendues dans le jardin de Didi, piscine, herbiers avec linaires communes séchées dans du papier buvard, entre les pages du grand Atlas.

7.  Tout en bas

Les marches taillées dans la masse sont blanches : font partie des crayères. Entonnoirs, cheminées d’aération et labyrinthes bien éclairés pour la partie qui se visite. Les caves où mûrit le vin après double fermentation jusqu’à l’effervescence du champagne. Grand-père vérifiant le remuage. Faire tourner de gauche à droite, bouteilles tête en bas pour les dépôts. Casiers en hauteur, dans les caves le froid prend le dos. Pendant la guerre on descendait dans les caves, racontait maman. Marcher le plus loin possible, chercher sur les parois la plaque. Elle y était pourtant. Pas le droit d’aller plus loin, c’est mal éclairé, on peut se perdre dans des kilomètres de galeries. Pourtant, en souvenir de grand-père surnommé « Le nez », assassiné devant chez lui par un jaloux près des caves de la Veuve Clicquot, une plaque commémorative a été scellée dans la craie. Tu avais huit ans. Mais vous savez, la craie parfois s’effrite explique la jeune historienne : la plaque a dû tomber derrière les casiers et la craie l’a peut-être recouverte. Il faudrait procéder à des recherches.  D’autres marches, austères et grises apparaissent plus bas : des femmes sacrées vivaient à l’Est dans de grandes maisons avec souterrains et l’appel de la chair était parfois plus fort qu’elles. Alors elles descendaient dans le noir et leurs silhouettes hiératiques se tordaient en dessous quand elles se séparaient en silence des petits corps condamnés. Il est possible d’aller plus loin en dessous mais dans le rêve, quand on ne peut plus descendre, on est devant de grands containers qui se décolorent. Y sont entreposés des cheveux, des lunettes, des béquilles, des valises et une poussière grise dont impossible de parler.

8. En sortant

C’est de quel côté quand tu sors de la bouche Balard, pas trop loin du dernier atelier ? En remontant vers la porte de Versailles, un petit pont métallique portant la voie ferrée, réduit le carrefour, l’humanise avec à l’angle le petit troquet d’où sortent des ouvriers qui rient. Comme indiquant une direction. Celle du tram pour le retour.  C’est de l’autre côté, une avenue dévidée avec les icônes classiques de la grande circulation et de là où l’on est on aperçoit la grande enseigne rouge qui précède le lieu du gardiennage au-dessus de l’ancien parking transformé en garde-meuble box stockage avec des centaines de portes jaunes, anonymes. L’une d’entre elles allée S est fermée avec serrure personnelle sur une partie de l’œuvre, protégée par des draps blancs en attendant.

Tout le monde descend, alors faire comme tout le monde. La rame ne va pas plus loin, opération de police ferroviaire. Une inondation quelque part, dans le tunnel ou un court-circuit ? Une détonation on dirait. Vous n’avez rien vu ? demande la préposée en uniforme. Qu’aurais-je dû voir à part ma valise, la station proche, l’émaillage blanc de ses parois et Montparnasse-Bienvenüe.  L’homme, avec son couteau, n’était pas loin de vous, dit la policière, ajoutant dans le paysage sommaire de l’instant, qu’elle m’exfiltre et que je n’ai rien à craindre. Laisser faire le couloir, les escaliers puis les escalators doux qui me téléportent en remontant vers les voies TGV et le TGV vers la mer, bientôt. Grandes lignes. Le TGV est à quai. Attention au départ.

Ce sera la dernière fois de cette manière-là : quai de Cité universitaire avec portillon de sortie, l’éjection lente par escalator et le grand parc juste au sortir avec contre le mur de la gare le vendeur de légumes à la sauvette, de châtaignes grillées, les livres de poche usagés à un euro, selon les saisons. Pas question désormais d’entrer là où les grands arbres vous ont abrités avant le deuil.

9.  Vies prélevées

Elle fait ses courses grâce à l’ingénieux déambulateur qui lui permet aussi de s’asseoir quand la fatigue pèse, au milieu du magasin, et de parler enfin avec certains qui comme elles prennent dans les rayons de quoi survivre dans l’échange

Il est assis sur l’escalier de la gare, et demande à voix basse une petite pièce, quand il demande

L’adolescente collée sans interruption au téléphone dans le train comme si interrompre ce qui ressemble à une conversation allait générer la fin du monde

L’éducateur assis devant l’ordinateur rédige ses rapports tout en étant aux aguets : sa porte reste ouverte et il bondit en apprenant que cette fois-là fratrie ne signifie pas entente cordiale

La jeune hôtesse de caisse qui accompagne le libre-service explique qu’elle sera toujours utile même si on supprime les caisses classiques. C’est qu’il faut toujours expliquer l’écran et rassurer les gens

Une petite fille photographie avec son grand téléphone rose la fontaine Sainte-Radegonde après la pluie et près d’elle un chien blanc lape l’eau noire. Dans la forêt au sortir de la ville des liens roses sont accrochées aux branches, sur le chemin de la fontaine

 L’assesseur en chemise blanche entre deux âges dans l’école réquisitionnée fait l’effort de bien prononcer les noms parfois compliqués des électeurs. On dirait qu’il a révisé le sens de sa présence. Certainement un ancien bon élève.

Le garagiste consulte à l’écran l’histoire de la voiture qui a bourlingué. La cliente redoute les grosses réparations. Il lui dit qu’une voiture est faite pour rouler. Elle en convient, c’est lui le spécialiste. Il lui demande ensuite si le concert s’est bien déroulé car il aime presque autant la musique que la mécanique mais ce jour-là il était sur la route. On ne peut pas être partout.

10. Creuse

Pratiquement rien entre Guéret et Bénévent-l’Abbaye un berceau  jamais exploré enfin pratiquement pas un séjour un château plein d’enfants mais combien au fond un sabotier qui cherchait peut-être  à se marier ce qui reste de son poème par toi mis en musique  Creuse  creuse mon ciseau de menus (ou de joyeux) sabots d’enfance un blanc joyeux vaisseaux en partance la suite est sans doute quelque part une vielle à roue (qui sait ce que c’est) ou plutôt imiter à la guitare l’accompagnement de la vielle à roue les deux se confondent il est possible qu’il y ait eu le son de l’eau et la question d’un enfant sur l’origine de l’aigue-marine que tu portais alors à l’annulaire main gauche ou main droite on mélange tout quand on est gauchère contrariée et le conte inventé en guise de réponse s’est volatilisé pourtant d’habitude noté mais là plus rien ah si encore une bribe du sabotier   Avec deux becs rosés comme ceux des tourterelles et volent sans se poser au bal où tournent les belles, un établi et recompter les enfants pour qu’aucun ne se perde dans la brume il y avait forcément de la brume mais rien concernant le trajet aller, ni celui du retour ni qui était vraiment le sabotier parce qu’à part Augustin ou la paire de sabots avec roses peintes achetées sur les lieux ni le lieu exact on ne sait pas vraiment

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.