D’où vient le poisson? Où va le carton?

AQUARIUM 1 :Sur le front de mer : une roue. Soit un axe à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer. Soient des cabines vitrées réparties à égale distance sur les rayons de la roue. Soit un point fixe dans la cabine vitrée. Soit une vitesse de rotation constante de 7 minutes par tour. La mer s’enfonce de 40 mètres en 3 minutes 30 et revient à son niveau d’origine en 3 minutes 30. Toujours plus haut, toujours plus vite, c’est la marée accélérée !

AQUARIUM 2 :Prendre le poisson, dans le rayon, au milieu de la glace. En fait, prendre le carton où se trouve le poisson. Chez soi, ranger le poisson, dans son carton, au milieu de la glace. Plus tard, sortir le carton contenant le poisson, prendre le poisson, le plonger dans le bouillon. Manger le poisson, trier le carton. D’où vient le poisson ? Où va le carton ?

AQUARIUM 3 : Soudain, le tunnel. La rame vibre, crisse et bourdonne. Déglutir. Brusquement l’écran noir se déchire, la ville surgit, criarde. Des milliers de phares bloquent les rues, s’enchaînent aux enseignes gueulant sur les murs. Dans la voiture, on s’agite, les premiers voyageurs remontent la rame. Bientôt le quai, le hall, puis l’antre qui les engloutit.

AQUARIUM 4 : Tout au bout du hall, suivre les indications. Deuxième sous-sol, tourner sur votre droite, au fond du couloir. Sonner, on viendra vous ouvrir. Perdu. Remonter ? Premier sous-sol. Redescendre. Suivre les indications. Couloir, tunnel, néons. Sonner. On ouvre. Attendre. Derrière la vitre, sinusoïde verte sur l’écran. Derrière la vitre, le temps suspendu. Oxygène, fils, masque, tableau de bord. Regarder, c’est tout. Tout au bord, regarder encore. Sortir. Rez-de-jardin, partir, respirer.

AQUARIUM 5 : 400 mètres au-dessus du sol. Les files s’exfiltrent de la ville. Musique, harmonica Il était une fois dans l’Ouest, pourquoi pas? . Qualité de l’air : très dégradée. Fuite vers l’oxygène, la mer, les vastes étendues. Partir, respirer. Rez-de-bitume, 38° à l’ombre. Au chaud, chacun dans sa brume, au frais, chacun dans sa bulle.

A propos de Jean-Yves Robichon

Dans ma démarche, arts plastiques, photographie argentique et écriture interagissent, se conjuguent, se répondent dans une pratique continue, discrète et sensible. Ecrire comme des prises de vue, pour révéler, fixer, développer, jouer les passages négatif / positif, noir / blanc, ombre / lumière. Et surtout, pour raconter des histoires….

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