A propos de Jean-Yves Robichon

Dans ma démarche, arts plastiques, photographie argentique et écriture interagissent, se conjuguent, se répondent dans une pratique continue, discrète et sensible. Ecrire comme des prises de vue, pour révéler, fixer, développer, jouer les passages négatif / positif, noir / blanc, ombre / lumière. Et surtout, pour raconter des histoires….

seize octobre deux mille dix-neuf

seize octobre deux mille dix-neuf je ne suis pas né, je nais, de ce matin atone et blanc de cette brume qui lentement se lève sur un jour sans lendemain, d’un cri étouffé, d’une ouate épaisse et douce, d’un embu pâle et gras comme un empâtement sur une toile de lin ; de ce regard qui hésite et se perd dans Continuer la lectureseize octobre deux mille dix-neuf

27 septembre 1963…2013

Vendredi 27 septembre 1963 La veille, je suis allé au bois avec Grand-Mère et mes cousins. Nous avons certainement cueilli les dernières mures, couru dans les allées, oublié nos soucis d’écoliers, puis mangé des tartines beurrées. Le matin, je n’ai rien pu avaler. À l’approche de l’école, je me souviens que j’ai le cœur serré. Dans la classe, tout est sombre et Continuer la lecture27 septembre 1963…2013

De ses dix-sept ans, il ne se souvient plus de rien

De ses dix-sept ans il ne se souvient plus de rien sauf de cette nuée d’or qu’il aperçut la veille de novembre. Le train l’emmenait en Flandre. Derrière la vitre s’étiraient de longues plaines anthracite, soudain, une ramée l’éblouit. Des peupliers travestis telles des filles de Klimt rutilaient de tous leurs gemmes. Le ciel s’assombrit, une folle rafale les effeuilla, Continuer la lectureDe ses dix-sept ans, il ne se souvient plus de rien

D’OR ET DE BRUME (variation)

De ses dix-sept ans il ne se souvient de rien sauf peut-être de cette nuée d’or qu’il aperçut  un matin de novembre derrière la vitre du train qui l’emmenait en Flandre ce fut une vision fugace tel un éclair sur l’écran monotone où défilaient de longues plaines écrasées de cieux d’anthracite soudain une ramée l’éblouit des peupliers travestis telles des Continuer la lectureD’OR ET DE BRUME (variation)

La RUSSALE

Sitôt franchi le troisième pont sur la Loire, nous tournions à gauche pour emprunter la petite route longeant la levée. Par la vitre de la deux-chevaux, je scrutais les bancs de sable, au bout desquels, au travers des rideaux de peupliers, le fleuve nous défiait. Après deux kilomètres environ, nous arrivions au hameau de La Russale. À son approche, le Continuer la lectureLa RUSSALE

Je ne suis pas né

Je ne suis pas né. Je nais. Je n’ai pas vécu. Je vis. Chaque matin est une enfance. Ouvrir les yeux, se lever, marcher, tomber, se relever, gribouiller, balbutier, parler, apprendre, lire, dessiner, écrire, avancer. Apprendre. Chaque matin est un jardin. Sentir, voir, labourer, semer, soigner, cueillir, goûter, écouter, rêver, récolter, manger, engranger. Goûter. Chaque matin est une rencontre. Sourire, Continuer la lectureJe ne suis pas né

Camera obscura

Hors du temps            C’est un huis clos             intime             où le noir n’est jamais certain                 ton œil finit toujours pas détecter de pâles infiltrations         qui te menacent          tu calfeutres sous la porte autour de la fenêtre                  traques les rais insidieux qui éclateraient au cœur de la nuit     Continuer la lectureCamera obscura

PINCEAU JAPONAIS

Texte 1 – 22 juillet 2019 Un pinceau de calligraphe japonais. Sur sa hampe, quelques caractères pyrogravés – une hampe en bambou de section circulaire, longue de 18cm. A son extrémité, une touffe de poils de chèvre. Elle se gorge d’eau. Je l’essore par une pression continue de mes deux doigts (l’index et le pouce) qui fermement appuient sur ses Continuer la lecturePINCEAU JAPONAIS