#enfances #04 | pleins et vides

Dans la lumière blanche du petit matin, ça vous tombe dessus comme un jour de fête. 38°4, tu restes à la maison je vais appeler le docteur. La porte refermée, pelotonné dans des draps moites, malgré la toux la fièvre les courbatures on apprécie la bonne nouvelle. Songer aux camarades qui à cette heure préparent leur cartable avant de s’engouffrer dans le froid s’avère réjouissant. Et même si l’appétit coupé, on pignoche sa tartine beurrée, ce qu’on savoure en vrai ; c’est le souvenir du frottement des semelles caractéristiques de l’entrée dans la classe, le bruit de clapet des pupitres refermées, les chuchotis soumis des camarades commençant leur corvée d’école sous le joug d’une institutrice trop sévère dont on est délivré. Puis commence l’ennui, les appels languissants après un peu de compagnie qui ne vient pas, la mère trop occupée répond de loin des « j’arrive » suivies d’interminables attentes, la maladie est frustrante on y découvre que sa mère a autre chose à faire qu’à s’occuper de nous. La maladie est bénie, car on y dort beaucoup et la journée passe vite dans la touffeur fébrile et des rêves spectaculaires jusqu’à ce que soudain, la maladie ait bon gout car on doit absorber une poudre chocolatée délayée dans un yaourt sur ordre médical pour contrer les effets malvenus des antibiotiques. Le soir, la maladie est une bonne surprise annoncée par le nez tout froid d’un papa contre une joue brulante et le déballage de ses cadeaux, boules de gomme de la pharmacie et un album de de bande dessinée qui va occuper les vides. 

A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...