#été2023 #06bis | Euro qui comme Ulysse

S’il y a bien une addiction dont le notaire profite avec plaisir, c’est celle à l’argent dont il partage le caractère. Dès six heures du matin, des milliers d’euros dansent dans sa tête : D’abord trois cent cinquante de pension alimentaire par mois pour les deux enfants, plus cent cinquante cinq mille de rachats des parts de la maison plus six mille pour la voiture ! Ce divorce va lui coûter un bras, se dit-il en additionnant les montants. Trente-deux mille virgule quarante-cinq pour Mademoiselle Valentine grâce à la mort de son père. Ca tombe bien, elle me doit encore deux mille cinq cent, plus d’excuses donc. Merci Henri. En se brossant les dents vers les sept heures, il se rappelle la petite dette d’Adrien de douze mille six cent trente deux et les trois hectares à récupérer pour la Louise. Sans oublier les quatre cent septante cinq mille des Legrand qu’il faut diviser en quatre, ça ne donnera pas un chiffre rond, tant pis. Un café et une calculette pour estimer la valeur ajoutée des deux mille trois cent euros le mètre carré pour cet espace de quatre-vingt cinq mètres carrés donc ça nous donne cent quatre-vingt-quatre mille pour ce bien situé au vingt-deux rue du commerce. Yes ! Belle plus-value ! Je vais prendre dix pour-cent de la vente que je mettrai dans ma facture, histoire de faire passer tout ça en douceur. D’ailleurs combien me doit-il, lui encore ? Ah oui, les mille quatre cent de l’autre fois dont il voulait étaler les mensualités sur deux ans à raison de cinquante-huit virgule trente-trois par mois, ce n’est pas grand chose. Mais c’est vrai qu’il vit avec peu, dans les neuf cent par mois à peu près.

La journée se passe, les calculs aussi: Une vente à deux cent dix mille pour l’établissement d’une pâtisserie.
Une donation d’un appartement et d’une maison, total de six cent mille sept cents quatre-vingt. Deux morts – Génial ! Car logiquement ce sont deux successions à venir. Bonne pêche. Quatre actes rédigés, treize-mille euros d’impôts à collecter pour l’état.

Dépenses du jour : vingt cinq pour le coiffeur, trente six pour la pharmacie, cinq le sandwiche, merde un pévé à vingt cinq.

Recettes du jour : cinq cent net.

Bilan de ce vingt-et-un juillet deux mille vingt-trois: Excellent.

A propos de Stéphanie Lannoye

Historienne de l'art et conférencière, mon métier est de relayer par des mots tout ce que d'autres ont créé, imaginé, construit, écrit ou vécu. Comme une balise dans la transmission des savoirs, je guide et je partage.

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