#été2023 #11 | Vous ai-je déjà tout dit ?

Il me faudrait vous parler de la fin mais vous ai-je déjà tout dit sur Diane ? Il me semble pourtant avoir omis de vous relater l’essentiel, d’être passé à coté de ce qui en fait une héroïne digne de ce nom, d’en avoir tracé les contours mais de n’avoir pas plongé dans le fond, comme si je restais au bord d’elle sans vous prendre par la main pour que vous puissiez la toucher, la sentir, la connaître, comme une amie de longue date.

J’ai encore à vous raconter la fin mais avant il serai pertinent de revenir à mon camionneur, celui qui a fait un doigt d’honneur en pleine route à six heures du matin. Qu’est-ce qui l’a réellement poussé à élever son majeur droit vers le ciel si tôt ? Quelle colère l’envahissait, dans quel état d’âme trempait-il pour agir de la sorte et pourquoi diable Diane est-elle devenue une proie à pourchasser ? Il va sans dire que son camion est aussi haut et puissant que lui et qu’il est bien difficile de s’en échapper mais avec quel acharnement, il ne cesse de croiser sa route, il faudrait vraiment que je vous raconte comment ça finit.

Mais avant de vous le dire, il faut absolument que je vous parle du ciel que Diane rencontre là-bas, un ciel sans maisons, sans haut d’immeuble, sans limite. Un ciel où elle a constamment la sensation d’avoir la tête dedans, où il lui suffirait de continuer à courir sa montée et battre un peu des bras pour pouvoir s’envoler et rejoindre l’horizon. Un ciel infini qui lui donne envie de s’y enfuir et ne jamais revenir sur la terre.

Bon, allez, je me lance. Alors, à la fin, non aïe, j’ai oublié de vous parler du café crème que Diane boit tous les matins, doux et amer, noir et blanc, dur et rond, pareil à la vie qu’elle traverse, ce café crème qu’elle n’oublie jamais d’avaler en grandes quantités, et qu’elle n’arrive jamais à trouver dans les cafés de ce lieu hostile où il n’y a de toute façon, pas de cafés mais des PMU, à l’angle des rues, en plein vent, à côté d’une laverie

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

9 commentaires à propos de “#été2023 #11 | Vous ai-je déjà tout dit ?”

    • Cela me plait de me dire que l’on ne connait pas encore tout sur Diane et cela m’encourage à continuer son histoire même si elle me fait ressentir bien des douleurs et des doutes ! Bonne journée.

  1. Interressant ces retours utilisés pour nous interpeller et nous garder en haleine en repoussant le moment de nous parler de la fin.