Lorsqu’il débute un nouveau projet d’écriture, Igor ne se soucie plus de ce qui l’entoure. Il enfile le même débardeur pendant des jours. Bleu foncé, aucune particularité, et dont la couture du col se défait au fur et à mesure des lavages. Un de ceux achetés en lot au marché, sûrement celui de Wazemmes. Il n’en fréquente pas d’autres sauf lorsqu’il s’éloigne quelques jours à Bruxelles et qu’il se retrouve au milieu de la foule et des marchands lors de ses promenades matinales, sans s’en être vraiment aperçu, dérangé par la promiscuité inattendue, la respiration qui soudain s’emballe. Il lève alors la tête et cherche une quelconque échappatoire pour s’isoler. Une ruelle vide, un photomaton, la cabine d’essayage d’une boutique. Il ne s’inquiète pas de son unique plante reçue à l’occasion de son départ à la retraite et dont les feuilles s’affaissent et brunissent sous la chaleur déjà étouffante du début de l’été. Il ne s’occupe pas de la sonnerie du téléphone, même si l’appelant insiste. Il sait que ce n’est pas Etienne. Une erreur ? Un télévendeur ? Il n’est même pas dérangé par l’odeur de renfermé de son bureau. S’il ouvre parfois la fenêtre, c’est parce qu’il cherche à s’appuyer sur des éléments extérieurs pour débloquer un texte. La réaction d’un enfant qui tombe de son vélo, des lignes dans le ciel, des rumeurs.
» Il ne s’inquiète pas de son unique plante reçue à l’occasion de son départ à la retraite et dont les feuilles tombent et brunissent sous la chaleur déjà étouffante du début de l’été […] S’il ouvre parfois la fenêtre, c’est parce qu’il cherche à s’appuyer sur des éléments extérieurs pour débloquer un texte. »
Il est sympathique cet écrivain au débardeur décousu et inusable qui n’aère pas suffisamment son bureau. Absorbé, mais pas inattentif, on attend qu’il nous dise ce qu’il voit, ce qu’il préfère, ce qu’il pense, et qu’il continue à profiter des ristournes sur les lots de Marcel.
Marie-Thérèse,
Merci pour votre lecture, votre regard.
J’en prends bonne note.
Belle soirée.
« le marché de Wazemmes » ça ferait un joli titre – merci
Merci pour la lecture, le mot et la suggestion de titre.
Je passe vous lire dans quelques heures, avec grand plaisir.
Belle nuit.
Joie de te voir à nouveau ici et de lire tes mots Annick!
Merci Tristan.
Et toi, tu rejoins l’atelier d’été ?
Au plaisir de te lire.
de l’importance d’ouvrir les fenêtres, merci Annick (et joie de te retrouver par ici)
Merci pour ton passage par ici, pour la lecture. Joie partagée.
J’aime bienl’idée. du T-shirt d’écriture et cet isolement total (il me fait penser à Simenon qui avait pas mal de rituels assez rigolos) et semble avoir un unique Etienne comme fréquentation, un charmant sauvage comme je les aime…
Merci pour la lecture Catherine.
Merci de parler de rituels, ça pourrait faire progresser le texte au moment de la révision.
Passe une agréable fin de week-end.
une ascèse nécessaire mais qui est en elle-même tout un travail… et puis qui devient un mode de vie
Merci Brigitte 🙂
Ouvrir la fenêtre, un temps de l’écriture. Merci Annick. C’est chouette de te retrouver.
Merci Nathalie. Plaisir de te retrouver aussi. Bel été d’écriture à toi.
Je retrouve chez toi et dans ton texte cette capacité extraordinaire de créer des personnages si vivants et vibrants qu’on se prend à les imaginer au-delà de ce que tu nous livres d’eux. Tellement contente de te retrouver ici, Annick !
Helena, merci de tout coeur pour tes mots. Le personnage est ce qu’il y a de plus important lorsque j’écris un texte. Je sais aussi que je dois donner plus, développer. Petit à petit. Et grand plaisir de te retrouver moi aussi.