#été2023 #12bis | Le mari

Il lui rappelle qu’il rentrera plus tard, à cause de l’exposition de fin d’année. Elle l’écoute, elle sourit, il voit bien qu’elle attend un geste tendre, il ne fait rien. Il passe à côté d’elle et prend ses clefs sur la console. Il lui tourne le dos et sort. Il monte dans sa voiture : ma petite voiture, pour ma petite vie, je laisse ma petite femme, qui m’a un petit peu trompé, une petite erreur, ma petite erreur lui faire un enfant, et encore est-ce qu’il est vraiment de moi, en plus elle me semble perdu dans ce monde, je ne sais pas ce qu’elle serait devenu s’il ne m’avait pas rencontré, il faut que j’arrête de me plaindre, c’est elle qui est à plaindre, elle et son petit travail, son petit diplôme, quel petit con, j’ai failli l’écraser, faudrait les brûler leurs trottinettes, et eux les obliger à travailler aux urgences un soir de beuverie, il verrait les crânes ouverts, les jambes fracassées, les bras coupés, crétin, j’ai failli de tuer, encore trente ans à les voir, ils sont de plus en plus con, en cinq ans le niveau a fondu, je ne sais pas s’ils peuvent être plus bête, après on quitte l’humanité, je vais faire cour à des bêtes si ça continu, je m’exprimerai avec des Hue, Ho, et je fouetterai mon estrade pour les réveiller, clac, je leur jetterai un peu d’avoine dans une grande baignoire et ils me regarderont en mâchant, ils seraient plus éveillés que ceux-là, avance, mais avance connard, lui son gamin il est doit -être comme son père lobotomisé, mais tu vois pas que le feu est vert, merde, encore un qu’on aurait dû castrer ou piquer, quand est-ce qu’on va faire un loi pour avoir le droit de faire des gosses, il faudrait obliger les députés à passer une journée en amphi, je suis sûr que dans le mois qui suivrait il y aurait une proposition de loi pour la stérilisation en masse, un test, il suffirait de faire passer des tests au parents, en trois mouvements on pourrait mettre ça sur pied, les travaux vous êtes obligés de les faire en début d’été, c’est pas possible de les faire quand il n’y a pas de touristes, non il faut qu’on en profite, le maire il a trouvé une équipe de pro lui aussi, pourtant il n’avait pas l’air si con l’autre jour, il devrait être à son meilleur, mais oui prenez votre temps, moi je suis prof, c’est bien connu je ne fais rien, j’ai toute la vie, au putain il a renversé sa brouette, même ça ils ne peuvent pas le faire bien ; et l’autre qui le regarde, tu peux pas l’aider, faignasse, je vais être obliger d’y aller, voilà on a tout ramasser, allez rouler, voilà on est arrivé, l’exploit, allons voir les jolis dessins des gentils élèves, pourvu que je ne tombe pas sur des parents, tu vas voir ça ne vas pas louper, je vais tomber sur le papa de la petite Dubreuil, qui trouve que sa fille à du talent, ah ça elle n’aime pas les maths, mais reconnaissez c’est pas mal, mais c’est une bouse son dessin, tu ne vois pas, regardez monsieur, là sur mon téléphone ça c’est beau, ça c’est moche, votre fille c’est une nullité, elle ne devrait pas être là, elle devrait faire coiffure ou charcuterie, oh merde il y-a la mère de Matéo , elle va être bourrée comme d’habitude, elle, de toute façon je ne comprends pas ce qu’elle me dit, je lui dis oui, mais je ne comprends pas ce que vous dîtes madame, dans vos phrases il y-a un début, une fin, mais il est où le milieu, il est où, je ne suis pas voyant, je ne peux pas lire dans vos pensées, vous comprenez, je ne sais pas faire, votre mari il fait comment, je suis sûr qu’il ne vous écoute pas, c’est lui qu’il faut plaindre il vit avec une éponge, merci, elle va me demander pour hier soir, oui votre fils à été parfait, il a été un super baby Sitter, je crois qu’il était à son max, il a glandé deux heures sur notre canapé, ça il sait le faire, rassurez-vous il a du potentiel, glandeur bac plus dix, et son mari qui croit que parce qu’il paye une boîte privé on va en faire quelque chose de son morveux, tu pourrais investir tout ta maison ; que ça ne changerait rien, ton fils il n’est pas fait pour l’école, pourquoi il est fait, ça c’est une bonne question, à mon avis , pour rien, il n’est bon à rien, mais je ne peux pas leur dire ça, alors je vais les écouter les deux adorables parents, encore une heure à tenir et je vais retrouver l’autre et son regard de cocker, comment je pourrais oublier, il faudrait me laver le cerveau, quelquefois j’en ai envie, envie de revenir au temps d’avant, je la déteste de m’avoir fait ça, je te déteste.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

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